Les femmes sont moins reconnues comme auteures scientifiques que les hommes
- Serge Cannasse
- Actualités professionnelles
Il y a beaucoup moins de femmes que d’hommes signataires des articles de recherche scientifique, quel que soit le domaine académique. Deux explications ont été proposées pour en rendre compte. L’une invoque les difficultés propres aux femmes pour produire des travaux de qualité, tenant par exemple à leur rôle de mère. L’autre met en avant la discrimination dont elles feraient l’objet. Cette dernière vient d’avoir une forte confirmation dans un travail publié par la revue Nature.
Ses auteurs ont examiné les données de 9.778 équipes américaines, rassemblant 128.859 personnes, ayant publié 39.426 articles et produit 7.675 brevets sur une période de 4 ans. Leur analyse s’est effectuée en trois temps.
Ils ont d’abord constaté que si les femmes représentent 48,25% du personnel de recherche, elles ne signent que 34,85% des articles et brevets, la différence dans la probabilité d’être accréditée comme auteure par rapport aux hommes passant de 13,24% pour les articles à 58,40% pour les brevets. Ces résultats sont renforcés par une enquête menée auprès de 2.660 chercheur.e.s : 42,95% des femmes interrogées estiment avoir été exclues injustement de la reconnaissance comme auteures, contre 37,81% des hommes.
Dans un deuxième temps, les auteurs se sont penchés sur les données administratives, notamment les salaires, des chercheur.e.s de 118 campus universitaires entre 2013 et 2016. Au sommet de la pyramide hiérarchique, les femmes occupent 34,82% des places ; à l’autre extrémité, elles en occupent 60,81%. Les personnels « juniors » ont moins de chances d’être accrédités comme auteurs, mais cela ne suffit pas à expliquer la sous-représentation des femmes puisqu’elle existe quel que soit le niveau hiérarchique qu’elles occupent, aussi bien pour les articles de recherche que pour les brevets. En ce qui concerne les articles, cette sous-représentation ne porte pas tant sur leur ensemble que sur les articles publiés dans les revues à fort impact, pour lesquels la probabilité d’être citée comme auteure est nettement plus faible que pour les hommes.
Un troisième temps de la recherche a consisté dans l’examen des contributions écrites et « ouvertes » de 887 chercheur.e.s. Toutes soulignent l’importance de se faire son propre avocat au sein de l’équipe pour faire reconnaître ses contributions au travail commun et l’absence de clarté dans les règles d’attribution. Celles-ci sont souvent décrétées par les chercheurs seniors, le plus souvent des hommes. De plus, l’évaluation du travail demandé pour être considéré.e comme auteur.e dépend fortement des relations personnelles entretenues par le.la postulant.e avec l’investigateur principal, avec les risques évidents que cela comporte.
Pour les auteurs, ces difficultés sont renforcées par le découragement qu’elles induisent chez les femmes : leur absence de reconnaissance les conduit souvent à abandonner leur carrière scientifique. Avec pour conséquence de priver la recherche de chercheures de talent.
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