Les étudiants en santé vont mal

  • Serge Cannasse
  • Actualités Médicales
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En France comme à l’étranger, plusieurs travaux ont alerté sur la santé mentale des étudiants en santé. Une nouvelle étude sur le sujet a été conduite à l’Université de Tours pour l’année universitaire 2015-2016.

Un questionnaire à remplir sur internet a été envoyé aux 1.596 étudiants de l’Université (1.306 en médecine, 126 en maïeutique, 138 en orthophonie et 26 en orthoptie), soit l’ensemble de ceux inscrits à l’exception de ceux en PACES. Le taux de participation global a été de 40,3%, celui des étudiants en médecine étant d’un tiers, avec un pic à 45% pour les étudiants de DFASM2 (Diplôme de Formation Approfondie en Sciences Médicales). Son hétérogénéité en fonction des années d’étude et des filières est la principale limite de ce travail.

Trois questionnaires étaient proposés : un construit, par le service de santé de l’université, en collaboration avec des représentants enseignants et étudiants ; le Freshman stress questionnaire, adapté pour la population étudiée, et l’Hospital anxiety and depression scale, tous deux comportant des items cotés en échelle de Lickert. Ils ont permis d’établir des seuils de symptomatologie probable ou certaine pour la dépression et l’anxiété et de proposer des corrélations avec un certain nombre de facteurs personnels ou environnementaux.

Comme l’indiquent les auteurs, les résultats sont « préoccupants ». Au seuil de symptomatologie certaine, la prévalence de l’anxiété était de 44% et celle de la dépression de 8%, 7% des étudiants ayant les deux symptomatologies. Dans la filière médecine, 40% des étudiants s’estimaient en « mauvaise ou médiocre santé psychique », le pourcentage s’aggravant avec l’avancée dans le cursus universitaire, et plus de 15% d’entre eux déclaraient avoir eu des idées suicidaires depuis la rentrée universitaire.

Dans cette filière, les marqueurs de risque pour l’anxiété comme pour la dépression étaient le vécu négatif de la pression due aux ECN (Épreuves classantes nationales), l’insatisfaction à l’égard du stage préparatoire à l’ECN, des difficultés à affronter les pathologies rencontrées, l’inquiétude vis-à-vis de l’avenir professionnel, le sentiment de solitude, l’impact du travail universitaire sur l’alimentation, l’absence de soutien des pairs, voire de l’entourage. Un vécu de discrimination était un marqueur de risque pour l’anxiété. Bien qu’ici ils n’atteignent pas la significativité statistique, d’autres marqueurs demanderaient à être mieux explorés, comme la non-efficacité des loisirs pour se détendre, le vécu de harcèlement, les ennuis de santé ou le faible recours aux professionnels de santé.

Les auteurs concluent à la nécessité de communiquer sur ces troubles non seulement auprès des étudiants, afin de « lever le tabou et le sentiment de stigmatisation dont se sentent atteints ceux en souffrance », mais aussi les enseignants, qui doivent « accepter les différences entre leur génération et les nouvelles, davantage en quête de bien-être et de qualité de vie au travail. »