Les enfants TDAH auraient un risque plus élevé de développer une maladie de Parkinson à l’âge adulte

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude rétrospective américaine, le risque de développer une maladie des noyaux gris centraux ou du cervelet, dont la maladie de Parkinson, était 2,4 fois plus élevé chez 31.769 patients ayant été diagnostiqués pour TDAH dans leur enfance que chez 158.790 sujets non TDAH qui leur avaient été appariés. Ce risque était notamment plus élevé chez les sujets qui avaient été traités par un psychostimulant (méthylphénidate, dexméthylphénidate, méthamphétamine) que chez ceux qui n’avaient pas été traités.

  • Le lien entre le traitement pharmacologique du TDAH et le risque de maladie neurodégénérative reste à éclaircir : il pourrait provenir d’une amplification du mécanisme liant le TDAH et l’expression des maladies des noyaux gris centraux et du cervelet. Il pourrait aussi s’expliquer par le fait que les patients TDAH recevant un traitement sont généralement les plus sévèrement atteints, le psychostimulant représentant alors un marqueur de la sévérité du phénotype de TDAH favorisant l’apparition plus précoce des troubles neurodégénératifs.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Des études précliniques et cliniques mettent en évidence un lien entre l’exposition à de fortes doses de produits dérivés des amphétamines ou du méthylphénidate et des troubles dopaminergiques. Aussi, l’effet à long terme des psychostimulants utilisés à doses pharmacologiques dans le traitement du TDAH mérite d’être étudié.

Méthodologie

L’analyse a utilisé la base de données de santé de la population de l’Utah (UPDB), dans laquelle ont été inclus les patients éligibles nés entre 1950 et 1992, ayant au moins 20 ans fin 2011 et résidents de l’État à partir de 1996, dès lors qu’ils ne présentaient ni diagnostic antérieur de maladie de Parkinson ou autre maladie neurodégénérative apparentée, ni facteurs de confusion spécifiques (antécédents d’alcoolisme, d’usage de drogues illicites). Leurs données ont été comparées à celles de sujets sans antécédents de TDAH ni maladie neurodégénérative, qui ont été appariés (5:1) avec eux selon le sexe et l’année de naissance. Le suivi médian était de 21 ans sur la période 1996-2006 considérée.

Principaux résultats

  • Parmi les 31.769 sujets de la population TDAH, 4.960 ont été traités par psychostimulants (2.716 par méthamphétamine, 1.941 par méthylphénidate, 303 ont reçu les deux). La population appariée était constituée de 158.790 sujets. Les patients TDAH étaient moins souvent fumeurs et présentaient plus souvent des troubles psychotiques associés.

  • Étant donné que les individus de l'étude sont nés en 1950-1992, le diagnostic des maladies des noyaux gris centraux ou du cervelet avait été porté entre 21 et 66 ans. Leur fréquence était respectivement de 0,19% et de 0,52% parmi les sujets non-TDAH et les sujets TDAH, avec un âge médian de survenue de 45 et 43 ans.

  • Globalement, le risque maladie des noyaux gris centraux et du cervelet chez les sujets TDAH était globalement 2,4 fois plus élevé que celui des sujets non-TDAH ([2,0-3,0], p<0,0001) dans le cadre de l’analyse ajustée. Ce chiffre s’élevait à 6,0 ([3,9-9,1], p<0,0001) chez ceux qui avaient reçu un psychostimulant et à 1,8 pour ceux qui n’avaient pas reçu un tel traitement ([1,4-2,3], p<0,0001).

  • Concernant le seul risque de maladie de Parkinson, le risque était multiplié par 2,6 chez les patients TDAH vs non TDAH ([1,08-3,07], p<0,0001). Chez ceux ayant reçu des psychostimulants, ce risque était multiplié par 3,9 ([1,9-8,3]; p = 0,003) et celui des patients non traités par 2,3 ([1,5-3,5], p= 0,0007).

Principales limitations

  • L’influence des traumatismes crâniens, lésions cérébrales et toxiques environnementaux n’a pu être étudiée.
  • Un certain taux d’erreurs de codage des maladies étudiées peut exister.

Financement

L'étude a reçu des moyens financiers de plusieurs structures publiques ou associatives américaines.