Les données françaises rassurantes sur les liens entre isotrétinoïne et risque suicidaire

  • Droitcourt C & al.
  • J Eur Acad Dermatol Venereol

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

À partir des données nationales recueillies entre 2010 et 2014, le risque de tentative de suicide ne semble pas associé à la prescription de l’isotrétinoïne, que ce soit sur le plan de la chronologie ou de la dose à laquelle les sujets étaient exposés. Dans cette étude menée en population, et financée par l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé), les antécédents psychiatriques et d’anxiété apparaissent comme étant les principaux facteurs de risque associés au passage à l’acte par rapport à des sujets contrôles appariés (sans suicide ou tentative de suicide sous traitement). Les auteurs rappellent que l’acné sévère constitue en elle-même un facteur de risque de dépression et d’idées suicidaires.

Si ces données observationnelles ne permettent pas de conclure avec certitude sur le sujet, elles peuvent néanmoins être rassurantes. Il reste indispensable que le dermatologue mène une évaluation individualisée des risques psychiatrique associés à la prescription comme à la non-prescription d’un traitement efficace.

Plus de 328.000 personnes traitées, 184 tentatives de suicides analysées

Les auteurs ont recherché les données relatives à toutes les personnes de 10-50 ans qui ont reçu au moins une prescription d’isotrétinoïne entre janvier 2010 et décembre 2014 au sein du Système National des Données de Santé (SNDS). Ils ont ainsi identifié 328.018 personnes parmi lesquelles 43.460 avaient eu plus d’une prescription. Parmi eux, 17 se sont suicidées et 184 ont été hospitalisées pour tentative de suicide pendant le traitement, soit une survenue de 10,1 et 109,7 évènements pour 100.000 personnes-années respectivement.

Les sujets s’étant suicidés et ceux ayant été hospitalisés pour tentative de suicide avaient respectivement 30,6 et 23,2 ans et étaient des femmes dans 17,6 et 55,4% des cas. La dose cumulée et la durée moyenne d’exposition à l’isotrétinoïne étaient de 1.860 mg et 78 jours pour les premiers et de 1.985 mg et 83 jours pour les seconds. Par ailleurs, 35,3% et 52,7% n’avaient aucun antécédent psychiatrique notifié.

Au total, les données de 182 de ces sujets ont été comparées à celles de sujets contrôles, traités par isotrétinoïne à la date index (date de l’acte) et appariés individuellement sur l'âge, le sexe et l’ancienneté du traitement. Les principaux facteurs de risque associés au risque de tentative de suicide sous isotrétinoïne qui ont ainsi été identifiés étaient les antécédents psychiatriques (OR 18,21 [9,96-33,30]) et les antécédents d'anxiété (OR 4,78[2,44-9,33]) alors que la dose cumulée d'isotrétinoïne était associée à un risque plus faible (OR 0,70 [0,58–0,87]), selon l'analyse multivariée.