Les conséquences à long terme du tabagisme pendant la grossesse
- Berlin I
- Rev Mal Respir
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
En France, la prévalence du tabagisme maternel en fin de grossesse est évaluée à 16 à 19%. Ainsi, environ 130.000 nouveaux-nés seraient exposés annuellement au tabagisme maternel pendant la grossesse (TMPG). Une synthèse publiée par la Revue des Maladies Respiratoires passe en revue les conséquences à long terme de cette forme particulière de tabagisme passif.
Troubles respiratoires au cours de l’enfance
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Un gros travail a été conduit pour décrire les liens entre exposition au tabac in utero et santé pulmonaire de l’enfant. Il est ainsi démontré que les composants de la fumée de tabac ne sont pas arrêtés par la barrière placentaire. À l’effet vasoconstricteur de la nicotine s’associerait la plus forte affinité de l’hémoglobine foetale pour le monoxyde de carbone que l’hémoglobine de l’adulte, induisant ensemble une hypoxie foetale propice aux retards de croissance in utero. On pense également que des modifications épigénétiques sont induites et persistent au moins jusqu’à l’adolescence.
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Sur le plan épidémiologique, les études de cohorte ou les méta-analyses disponibles ont toutes décrit une augmentation du risque de souffrir de sifflements thoraciques ou d’asthme au cours de l’enfance. Selon les études et l’âge des enfants considérés, ces risques seraient élevés, compris respectivement entre 28 et 51% et entre 23 et 95%, même si les sujets n’étaient plus exposés au tabagisme passif après la naissance. Les données d’une cohorte espagnole suggèrent que le risque de sifflement n’était pas dépendant du nombre de cigarettes fumées.
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Sur le plan de la fonction respiratoire, une étude conduite chez les 11-16 ans a aussi montré une diminution modeste mais significative du débit expiratoire maximal (-3%) chez ceux ayant été exposés par rapport à ceux qui ne l’étaient pas.
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Enfin, une étude a évoqué que le risque d’asthme d’enfants nés de mères non fumeuses était multiplié par deux lorsque leur grand-mère avait elle-même fumé durant sa propre grossesse.
Du tabagisme de la mère à celui de l’enfant...
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L’association entre TMPG et obésité de l’enfant a été décrite par plusieurs études, avec une relation dose-dépendante. Une autre publication suggère le même lien entre TMPG et obésité de l’adulte, qui nécessite d’être confirmée.
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Il a été décrit que le TMPG augmente le risque de fumer, ainsi que la précocité et la dépendance au tabagisme.
Quelle prise en charge ?
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Une étude préliminaire a décrit que la vitamine C administrée durant la grossesse pourrait contrebalancer les effets négatifs du tabagisme sur la fonction respiratoire, mais elle devra être vérifiée par d’autres études.
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La prise en charge de la dépendance tabagique de la femme enceinte apparaît cruciale : outre la difficulté majeure rencontrée pour arrêter de fumer, il est décrit un phénomène de compensation de ces fumeuses qui, si elles réduisent le nombre de cigarettes, augmentent l’extraction de la nicotine à l’inhalation. La mise en place expérimentale d’une consultation et d’un suivi des femmes enceintes prévue récemment par la loi de modernisation du système de santé pourrait offrir des conditions intéressantes pour améliorer leur prise en charge et évaluer les meilleurs dispositifs en ce sens.
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