Les comorbidités viennent-elle freiner l’efficacité des traitements de la polyarthrite rhumatoïde ?
- Beltai A & al.
- Joint Bone Spine
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
Une étude française a évalué la prévalence des comorbidités et l’impact de celles-ci sur l’observance d’un premier traitement de fond par DMARD (disease-modifying anti-rheumatic drug) chez des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) et traités précocement. Elle souligne que :
- la présence d’une comorbidité ou plus concerne presque les deux tiers des patients atteint de PR,
- l’efficacité des traitements de fond par DMARD n’est pas affectée par la présence d’une ou plusieurs comorbidités,
- la persistance du traitement à 10 ans est bien meilleure chez les patients qui ont une ou plusieurs comorbidités.
Pourquoi est-ce important ?
La considération des comorbidités est un élément qui fait aujourd’hui partie intégrante de la prise en charge globale du patient atteint de PR. Les patients atteints de PR ont en moyenne 2 comorbidités associées à leur maladie rhumatologique. Celles-ci augmentent en nombre avec l’âge, la durée et l’activité de la PR. Le concept holistique de multimorbidités tient compte d’interactions potentielles entre ces comorbidités, les traitements de la PR et le bien-être global de l’individu. De précédentes études avaient suggéré que la présence de comorbidités impactait l’efficacité des traitements de la PR. Ces chercheurs ont souhaité l’évaluer sur une cohorte française.
Méthodologie
Les sujets inclus provenaient de la cohorte longitudinale, prospective, ESPOIR, ayant inclus des adultes de 18 à 70 ans atteints d’une PR précoce (répondant aux critères de l’American College of heumatology/European League Against Rheumatism (ACR/EULAR, 2010). Les patients étaient orientés par un médecin traitant ou un rhumatologue vers un centre régional de soins. Ils avaient initié un traitement par DMARD (en monothérapie ou en combinaison) au cours des 21 premiers mois post inclusion dans la cohorte ESPOIR. Un indice de comorbidité a été développé et a permis de classer les patients de manière binaire, avec ou sans comorbidités. Celles-ci étaient également quantifiées et pondérées.
Principaux résultats
Au global 472 patients ont été inclus dans les analyses, 302 (64%) ayant au moins une comorbidité. L’âge moyen des participants étaient de 48,5 ans, et 76,3% étaient des femmes. Les comorbidités les plus fréquentes étaient l’obésité (20,6%), l’hypertension artérielle (18,6%), l’alcoolisme (18,1%) et la dyslipidémie (15,5%). La durée moyenne entre l’inclusion et la visite de suivi était de 6,2 mois.
Avec ou sans comorbidité, l’efficacité du traitement était similaire. En effet, 44,7% des patients qui avaient une ou plusieurs comorbidités ont atteint un faible niveau activité de leur maladie (mesuré par l’indice clinique CDAI – clinical disease activity index), ainsi que 45,3% de ceux qui n’avaient aucune comorbidité. La proportion de patients ayant atteint à la visite de suivi une réponse EULAR modérée ou bonne ou n’ayant pas atteint de réponse EULAR était similaire dans les deux groupes.
Le taux d’observance à un traitement par DMARD à 1, 3, 5 et 10 ans était de 52,3%, 49,7%, 20,2% et 7,0% respectivement. Les analyses multivariées ont montré que l’observance à un traitement par DMARD à 10 ans était incontestablement meilleure chez les sujets avec comorbidité que sans : odds ratio 14,0 [3,3-59,4].
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