Les cas de dengue autochtones en forte augmentation en France
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- La surveillance active des arboviroses mise en place en France depuis 2006 a permis d’identifier l’an dernier 378 cas importés de dengue, ainsi que 66 cas autochtones liés à 9 chaînes de transmission, selon le dernier Bulletin Epidémiologie Hebdomadaire. Parallèlement, 23 cas de chikungunya et 6 cas de Zika importés ont été notifiés. Les territoires les plus fréquemment concernés par les cas autochtones ont été l’Occitanie, puis Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et la Corse.
- Le nombre de cas autochtones de dengue recensés en 2022 a été supérieur à celui cumulé sur la période 2010-2021 (66 vs 48 cas).
- Si la France est la seule, avec l’Espagne, à avoir mis en place une telle surveillance en Europe, les auteurs n’écartent pas la possibilité d’une absence d’exhaustivité. Ils soulignent aussi que les épisodes recensés en PACA ont mis le dispositif en tension. Il est donc indispensable pour « préserver nos capacités à limiter la transmission autochtone » que « la population [soit] mieux sensibilisée à l’importance des gestes de prévention » et que « les professionnels de santé soient mieux informés du risque de transmission » des arboviroses sur leur territoire. « La mobilisation sociale de la population et une meilleure implication des collectivités territoriales sont aussi des facteurs de succès dans la lutte contre le vecteur. »
Pourquoi est-ce important ?
Le moustique tigre (Aedes albopictus) est implanté en France métropolitaine depuis 2004 et est considéré comme étant actif dans 67 départements. Une surveillance des trois arboviroses dont il est vecteur (dengue, chikungunya, Zika) est en place depuis 2006 en France. Le suivi des données permet de connaître l’épidémiologie de ces maladies et d’adapter les dispositifs de surveillance et de lutte le cas échéant.
Méthodologie
Le dispositif de surveillance est maintenu annuellement mais est renforcé entre le 1er mai et le 30 novembre de chaque année. Il repose en premier lieu sur la déclaration obligatoire de tous les cas documentés importés ou autochtones. Les cas importés sont contactés pour leur rappeler les mesures de prévention et afin d’identifier les lieux qu’ils ont fréquentés durant la période de virémie, pour y conduire des prospections et d’éventuelles campagnes de démoustication. Les cas autochtones font l’objet d’une investigation : recensement des lieux durant la période de virémie, rappel des mesures de prévention, recherche de cas dans l’entourage, de cas importés préalables à proximité via les bases de données, de cas secondaires dans le voisinage, traitement antivectoriel dans les 200 mètres autour du lieu d’habitation.
Principaux résultats
En 2022, 378 cas importés de dengue, 23 de chikungunya et 6 de Zika ont été notifiés, les trois quarts ayant été identifiés durant la période de surveillance renforcée. Les cas de dengue ont principalement concernés l’Occitanie (8,4/1.000.000 habitants), Provence-Alpes-Côte d’Azur (7,0/1.000.000 ) et l’Île-de-France (6,7/1.000.000 ) et avaient été principalement importés depuis Cuba puis d’Inde et d’Indonésie.
Au total, 66 cas de dengue autochtones ont été recensés en 2022 dans le cadre de 9 épisodes de transmission, dont 54 cas confirmés, 9 cas probables et 3 cas épidémiologiques. Ils étaient survenus en Occitanie (5 épisodes), en PACA (3 épisodes) et en Corse (1 épisode). Le nombre de cas par épisode était compris entre 1 et 35, ce dernier – le plus important recensé au niveau européen – ayant eu lieu en PACA (communes de Saint-Jeannet et Gattières).
Les cas de dengue autochtones avaient touchés des personnes âgées de 5 à 89 ans (56% d’hommes, âge médian 55 ans). Tous avaient été symptomatiques, avec majoritairement de la fièvre (98,5%), une asthénie (78,8%), des céphalées (75,8%), des myalgies (63,6%) et des arthralgies (62,1%).
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