Les assistants de régulation médicale toujours en grève

  • Jean-Bernard Gervais
  • Actualités professionnelles
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Brice Giraud, porte-parole de l’association française des assistants de régulation médicale (Afarm), nous explique pourquoi les assistants de régulation médicale (ARM) sont en grève depuis le 3 juillet dernier. 

Univadis : L'Association des assistants de régulation médicale est-elle à l'origine de ce mouvement social ? 

Brice Giraud : Effectivement, c'est bien l'Afarm qui est à l'origine de ce mouvement social. Cette grève fait suite aux travaux que nous avions entamés avec le gouvernement et la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins). Il y avait plusieurs chantiers en cours. 

Les derniers décrets parus sur la formation des assistants de régulation médicale ont-ils calmé la colère de la profession ? 

Brice Giraud : Nous sommes en effet satisfaits de la parution de ces décrets 1 et arrêtés 2 qui surviennent malgré tout un peu tardivement. Pour autant, ces parutions n'ont pas mis fin aux mouvements de grève car tous les problèmes ne sont pas réglés. Ainsi, nous avions ouvert une négociation sur l'attribution d'une prime estivale à l'intention de tous les ARM. Car en plus de la régulation médicale, de nombreux ARM s'occupent aussi de la régulation des urgences via le 15. Donc, pour ce surplus d'activité, les pouvoirs publics nous ont proposé une prime en attendant la publication des nouvelles grilles salariales d'ARM. Mais la prime proposée était dérisoire et c'est cela qui a mis le feu aux poudres. 

Combien vous propose les pouvoirs publics pour cette prime et que réclamez-vous ? 

Brice Giraud : À la base on nous proposait une prime de 35 euros et nous demandions pour notre part 120 euros de plus. Dans le cadre des négociations nous en sommes à 80 euros mais nous l'avons encore refusé. 

Cette prime sera ponctuelle ? 

Brice Giraud : Cette prime devrait être versée jusqu'à l'obtention des nouvelles grilles. Il y a quelques mois les ARM sont passés soignants, et pour cette raison, on doit nous proposer de nouvelles grilles salariales. Nous voulions aussi accélérer la publication de ces grilles salariales pour prendre en considération les nouveaux métiers de l'ARM, comme coordinateur de salles, superviseur de salles, etc. 

Combien est payé un ARM actuellement et quel est le montant de l'augmentation que vous réclamez dans le cadre des nouvelles grilles salariales ? 

Brice Giraud : Ce sont les syndicats qui se chargeront de négocier les montants. Nous voulons valoriser le métier pour attirer de nouvelles candidatures car il manque actuellement 2.000 ARM en France. Actuellement un ARM nouvellement embauché touche 1.790 euros bruts sans les primes, donc 1.490 euros nets. Il y a des primes de régulation médicale, des primes pour le travail de nuit et le week-end. Mais ce n'est pas un salaire suffisamment attractif pour attirer massivement des candidats. 

Selon vous quel doit être un salaire convenable pour un ARM ? 

Brice Giraud : C'est difficile à dire... Nous estimons qu'il faudrait 200 à 300 euros de plus pour que des candidats soient attirés. Mais il faut que l'on puisse ouvrir des négociations sur le sujet. 

Quels sont les syndicats qui négocient pour les ARM ? 

Brice Giraud : Nous n'avons pas encore de syndicats corporatistes à même de négocier pour l'ensemble des ARM. Par exemple, c'est le syndicat Sud santé qui a déclaré légalement notre mouvement de grève. Pour les négociations avec les pouvoirs publics, Samu Urgences de France nous supplée. Ce syndicat nous suit depuis le début des travaux avec la DGOS. 

Y a-t-il des régions plus touchées que d'autres par la grève des ARM ? 

Brice Giraud : Je ne sais pas mais je peux dire qu'il y a 70 Samu en grève donc à peu près 70% des samu en grève sur la quasi-totalité du territoire français. Nous sommes assignés et dans l'obligation de nous rendre au travail donc cela ne change pas grand-chose pour les usagers, il y a toujours une réponse au 15. Nos seuls leviers sont médiatiques. Nous espérons pouvoir nous mobiliser à la rentrée via des journées d'actions devant les ARS ou le ministère. 

Avez-vous une nouvelle date de rencontre avec le ministère ? 

Brice Giraud : Non pas du tout. Avec l'ancien ministre François Braun, il était question de nous voir dès la fin de cette année pour négocier les nouvelles grilles, mais il n'y a pas d'écrit quant à cette promesse de François Braun. C'est ce qui nous inquiète donc nous aimerions prendre attache avec le ministre le plus tôt possible pour faire le point sur les dossiers. 

Combien y a-t-il d'ARM en France actuellement ? 

Entre 2.500 et 2.700 ARM en activité. Il faudrait quasi doubler ce nombre car le développement des services d'accès aux soins (Sas) demande une structuration différente. Il faut aussi considérer des enjeux qualitatifs, comme le temps de décroché 3, qui demandent beaucoup plus d'ARM. Il faut aussi considérer que le turn-over dans la profession est très important. Il faut donc en permanence recruter.