Les antidépresseurs peinent à démontrer leur efficacité chez les patients dépressifs atteints de cancer

  • Ostuzzi G et al.
  • Cochrane Database of Systematic Reviews

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

A travers une récente revue Cochrane et une méta-analyse, des médecins italiens, britanniques et français n’ont pu mettre en évidence d’impact des antidépresseurs sur les troubles dépressifs de sujets adultes atteints de cancer, ni en termes de symptômes, ni en termes de proportion de personnes toujours concernées par ces troubles en fin de traitement. Ces observations valent aussi bien pour les essais contre placebo que pour les essais en tête-à-tête et rejoignent les résultats récemment publiés par les études SMaRT Oncology-2 et SMaRT Oncology-3 montrant l’absence d’avantage en termes de survie (1). Ils amènent les auteurs à conclure que la prescription d’un antidépresseur chez les patients dépressifs atteints de cancer doit se mesurer au cas par cas et que le choix de la molécule doit reposer sur les données d’efficacité disponibles en population générale. Ils rappellent que les données de sécurité dont on dispose chez les sujets malades sont plutôt en faveur des ISRS. La faible qualité méthodologique des essais actuellement disponibles nécessite toutefois d’évaluer les antidépresseurs sur de plus larges échantillons et sur de plus longues périodes avant de tirer des conclusions définitives.

Pourquoi est-ce important ?

Les troubles dépressifs sont fréquents chez les personnes atteintes de cancer. Mais il est parfois difficile de distinguer la dépression de ce qui relève d’une réaction normale face à la maladie. L’enjeu est cependant important car les troubles dépressifs altèrent la qualité de vie et affectent l’observance au traitement, impactant donc possiblement le pronostic de la maladie. Une revue de la littérature et une méta-analyse ont entrepris d’évaluer l’efficacité, la tolérance et l’acceptabilité des antidépresseurs dans la prise en charge de troubles dépressifs chez les adultes atteints de cancer.

Résultats

  • Sept essais ont été identifiés par la revue dans différentes bases de données et pris en compte dans la méta-analyse, représentant 885 participants au total.
  • La comparaison des antidépresseurs (toutes molécules confondues) à un placebo n’a montré aucun impact des antidépresseurs après 6 à 12 semaines de traitement, tant sur les symptômes dépressifs (5 essais, 266 sujets et très faible niveau de preuve), que sur la proportion de patients souffrant toujours de troubles dépressifs en fin d’essai (5 essais, 417 sujets et très faible niveau de preuve). Aucun essai n’a rapporté de données de suivi au-delà de 12 semaines.
  • Les comparaisons en tête-à-tête opposant les ISRS et les tricycliques et n’ont pas non plus montré de différences significatives entre les traitements (3 essais, 237 sujets, très faible niveau de qualité de preuve).

Méthodologie

Tous les essais contrôlés randomisés ayant comparé un antidépresseur contre placebo ou contre un autre antidépresseur chez des adultes (>18 ans) atteints de cancer et de troubles dépressifs ont été pris en compte. Les troubles dépressifs pouvaient inclure, des troubles dépressifs majeurs, des troubles de l’humeur, de l’adaptation ou des symptômes dépressifs sans qu’un diagnostic ait été posé.

Limitations

Le niveau de preuve des essais existants était très faible en raison des risques de biais liés à la qualité méthodologique.

 

1. Mulick A et al. Does depression treatment improve the survival of depressed patients with cancer? A long-term follow-up of participants in the SMaRT Oncology-2 and 3 trials. The Lancet Psychiatry 2018;5(4):321–326, published online march 12, 2018. DOI: https://doi.org/10.1016/S2215-0366(18)30061-0.