L’empagliflozine, efficace dans l’insuffisance cardiaque aiguë
- Voors AA & al.
- Nat Med
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
-
L’étude EMPULSE a évalué l’intérêt de l'empagliflozine chez les patients hospitalisés pour une insuffisance cardiaque aiguë (ICA).
-
Elle montre qu’à 90 jours, l’inhibiteur de SGLT2 permet de réduire le risque de décès toutes causes confondues et d’aggravation de l’insuffisance cardiaque, ainsi que d’améliorer le score des symptômes par rapport au placebo, de façon cliniquement pertinente par rapport au placebo.
Pourquoi est-ce important ?
L'empagliflozine est un inhibiteur du cotransporteur 2 sodium-glucose (SGLT2) dont l’efficacité a été décrite récemment dans la réduction du risque de décès cardiovasculaire ou d'hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque chronique avec ou non fraction d'éjection ventriculaire gauche réduite. La molécule a obtenu une AMM européenne sur cette indication début 2022. Cependant, il n’est pas établi si elle peut aussi apporter un bénéfice clinique au cours de la phase d’ICA, durant laquelle d'importantes modifications hémodynamiques ont lieu ou chez les patients ayant une ICA inaugurale. Aussi, l’étude EMPULSE (EMPagliflozin 10 mg compared with placebo, initiated in patients hospitalized for acUte heart faiLure who have been StabilisEd) a été conduite pour évaluer son bénéfice sur les critères de survie, d’aggravation de l’insuffisance cardiaque et d’amélioration des symptômes.
Méthodologie
EMPULSE est un essai de supériorité multicentrique, randomisé, en double aveugle au cours duquel ont été recrutés des patients adultes hospitalisés depuis 1 à 5 jours et stabilisés après un diagnostic d’ICA avec dyspnée à l'effort ou au repos, et au moins deux des éléments suivants : congestion, râles, œdème cliniquement pertinent ou pression veineuse jugulaire élevée. Ils devaient avoir une pression artérielle systolique (PAS) >100 mmHg, des NT-proBNP>1.600 pg.ml-1 ou des peptides natriurétiques de type B>400 pg.ml-1. Ils étaient randomisés entre un traitement par empagliflozine 10mg/j ou un placebo, en association à la prise en charge conventionnelle. Le critère principal d’évaluation composite était le bénéfice clinique à 90 jours regroupant le temps jusqu'au décès toutes causes confondues, l’aggravation de l’ICA et le temps avant aggravation et l’évolution du score des symptômes (KCCQ-TSS>5 points) à 90 jours.
Principaux résultats
Au total, 530 patients ont été recrutés et randomisés au hasard entre l'empagliflozine et le placebo (âge médian 71 ans, 34% de femmes), avec un délai médian entre l'admission et la randomisation de 3 jours.
Au cours des 90 jours de suivi, 6,2% des patients sont décédés, dont 4,2% de ceux sous empagliflozine et 8,3% de ceux sous placebo. Par ailleurs, ils ont été respectivement 10,6% et 14,7% à avoir au moins une aggravation de l’ICA. Enfin, la variation moyenne ajustée du score total KCCQ-TSS était respectivement de 36,2 [33,3-39,1] et 31,7 [28,8-34,7] points.
Ainsi, 36% des patients sous empagliflozine ont une chance de présenter un bénéfice clinique par rapport au placebo (win-ratio 1,36 [1,09-1,68], p=0,0054), dans les différents sous-groupes préspécifiés : insuffisance cardiaque chronique de novo ou décompensée), statut diabétique, âge, sexe, taux initial de NT-proBNP, fonction rénale ou statut de la fraction d’éjection.
Sur le plan de la tolérance, des évènements indésirables ayant entraîné l'arrêt du traitement ont été notifiés chez 8,5% et 12,9% des patients sous empagliflozine et placebo, respectivement. Par ailleurs, 12,7% et 10,2% d’entre eux avaient eu une déplétion volumique et 1,2% contre 1,5% une hypotension symptomatique grave. Enfin, une insuffisance rénale aiguë a concerné 7,7% et 12,1% des patients de ces deux groupes.
Malheureusement, l’accès à l’intégralité de cet article est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d’un compte.
Vous avez atteint la limite d'articles par visiteur
Inscription gratuite Disponible uniquement pour les professionnels de santé