Le vaccin contre le VPH est recommandé pour les HSH vivant avec le VIH


  • Deepa Koli
  • Résumés d'articles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) vivant avec le VIH, en particulier ceux qui sont jeunes ou qui ont eu une gonorrhée, doivent recevoir le vaccin contre le virus du papillome humain (VPH) nonavalent (Gardasil 9), comme le suggèrent les résultats d’une nouvelle étude.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, seuls 30 % de la population cible dans le monde a reçu le vaccin contre le VPH. Malgré un risque accru d’infection anale par le VPH (on estime que 75 % des HSH développent une infection anale au cours de leur vie, tous génotypes du VPH confondus), les études épidémiologiques chez les HSH font défaut. Par conséquent, nous manquons de données sur les taux de prévalence et la prévention.

Afin de caractériser les sous-groupes d’HSH qui retirent le bénéfice le plus important de la vaccination nonavalente précoce contre le VPH, les chercheurs ont déterminé la prévalence des génotypes de VPH anal chez les HSH qui vivaient avec le VIH depuis cinq ans, puis ils ont analysé les facteurs de risque d’infection anale par le VPH.

Sur les 1 352 participants à l’étude, 12 % n’étaient infectés par aucun génotype de VPH, et le nombre maximal de génotypes infectant 1 personne (6) a été détecté chez 0,4 % (n = 6) des participants. La prévalence des génotypes de VPH à haut risque (HR) ou de ceux présents dans le vaccin est restée stable au fil du temps.

« Nos résultats suggèrent […] que tous les HSH infectés par le VIH retireraient un bénéfice de l’immunisation par Gardasil 9, en particulier les plus jeunes et ceux ayant déjà contracté une infection gonococcique », déclarent les chercheurs.

Afin de déterminer la prévalence des génotypes du VPH au niveau des sites anaux et les facteurs de risque, les auteurs ont mené une étude monocentrique sur les tendances temporelles chez des participants auto-identifiés comme HSH ayant eu des rapports sexuels anaux. Les participants ont fait l’objet d’au moins 1 anuscopie pour le génotypage du VPH entre 2015 et 2019.

Des échantillons sur écouvillon ont été prélevés au niveau de la muqueuse du canal anal, puis immergés dans un milieu liquide en couche mince, et envoyés pour analyse moléculaire.

Pour détecter les phénotypes de VPH, les échantillons ont été traités par amplification en chaîne par polymérase (Polymerase Chain Reaction, PCR) multiplex en temps réel.

Principaux résultats

  • La prévalence globale des HSH présentant au moins 1 génotype de VPH anal était de 88 %, avec une prévalence comprise entre 77 % et 84 %, et aucune différence de tendance sur la période de 5 ans.
  • 79 % des participants ont été exposés à au moins 1 génotype de VPH HR, et 67,4 % ont été exposés à au moins 1 génotype de VPH à faible risque.
  • Le VPH-53, détecté chez 27 % des participants, était le génotype le plus prévalent. La prévalence des VPH-6, VPH-11, VPH-16 et VPH-18 était de 22 %, 13 %, 23 % et 11 %, respectivement. Parmi les génotypes HR, le VPH-16 et le VPH-18 sont le plus souvent associés aux cancers épidermoïdes et aux adénocarcinomes. Dans le cadre de cette étude, la prévalence n’a pas évolué au fil du temps.
  • 71 % des participants étaient porteurs d’au moins 1 génotype couvert par le vaccin, sans évolution dans le temps.
  • À l’analyse multivariée, le risque d’être porteur d’au moins 1 génotype de VPH HR était associé à un âge plus jeune (le rapport de cotes corrigé [RCc] chez les participants de 30 ans ou moins, comparativement à ceux de plus de 45 ans, était de 2,714 ; intervalle de confiance [IC] à 95 % : 1,484–4,961), et à une infection antérieure par la gonorrhée (RCc : 2,118 ; IC à 95 % : 1,100–4,078).
  • L’analyse multivariée a également révélé que le risque d’être porteur de 1 ou plusieurs génotypes ciblés par le vaccin nonavalent était associé à un âge plus jeune (RCc : 1,868 ; IC à 95 % : 1,141–3,060) et à une infection antérieure par la gonorrhée (RCc : 1,785 ; IC à 95 % : 1,056–3,018).

Le vaccin contre le VPH est efficace, sûr et sous-utilisé

« Le vaccin contre le VPH est sous-utilisé, et cette étude d’une grande puissance statistique nous fournit des données importantes sur la prévalence des génotypes du VPH au sein de la population des HSH VIH+, validant ainsi que Gardasil 9 peut grandement aider ces personnes », estime le Dr Mehri S. McKellar, de Duke Health à Durham, en Caroline du Nord, qui n’a pas participé à l’étude.

« Il est important de comprendre que la prévalence du VPH anal chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes est très élevée, que cette prévalence, y compris les génotypes à haut risque, reste stable, et que le vaccin nonavalent est clairement indiqué, en particulier chez les hommes plus jeunes et ceux ayant des antécédents connus de gonorrhée et d’autres MST », souligne le Dr Robert Salata, de la faculté de médecine de l’Université Case Western Reserve (Case Western Reserve University School of Medicine) à Cleveland, dans l’Ohio, qui n’a pas non plus participé à l’étude.

« Pour nous, il s’agit d’un rappel important de continuer à promouvoir et à fournir le vaccin à nos patients, en particulier aux hommes VIH+ qui ont des rapports sexuels avec des hommes, chez qui le taux d’infection anale par le VPH est le plus élevé », indique le Dr McKellar.

Une version de cet article a été publiée pour la première fois sur Medscape.com, qui fait partie du réseau professionnel Medscape.