Le traitement hormonal de la ménopause réduirait les perturbations de la voie β-amyloïde

  • Depypere H & al.
  • Alzheimers Dement
  • 15 sept. 2022

  • Par Caroline Guignot
  • Résumé d’articles
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À retenir

  • Selon une étude prospective menée chez des femmes récemment ménopausées durant plus de 6 mois, le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) est associé à des changements moins importants des biomarqueurs de la voie béta-amyloïde.

  • Les variations mises en évidence étaient significatives et de plus grande ampleur chez les femmes porteuses d’un allèle APOE ε4 par rapport à celles n’ayant pas ce marqueur de vulnérabilité.

  • Étant donné la durée de l’étude et son caractère monocentrique et ouvert, ces données doivent être considérées avec prudence mais invitent à conduire de nouvelles études sur des périodes de suivi plus longues, et ajustant éventuellement la dose de THM mise en œuvre.

Pourquoi est-ce important ?

Les femmes ménopausées ont un risque de MA supérieur à celui des hommes. Un dimorphisme sexuel non lié à l’âge a d’ailleurs été décrit concernant la biologie de la maladie. Par ailleurs, des études ont pu montrer que le THS mis en place au moment de la ménopause permettait de réduire l’incidence de la MA. Cependant aucune étude prospective ne s’est penchée jusqu’à présent sur l’évolution des marqueurs biologiques associée à la maladie neurocognitive sous l’influence du traitement hormonal et notamment ceux de la voie bêta-amyloïde qui serait l’une des voies clés impliquées dans la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer (MA). 

Méthodologie

Cette étude prospective belge a recruté des femmes dont le bilan cognitif était normal, qui présentaient un diagnostic de ménopause et qui étaient éligibles à un THS. Elles ne devaient pas présenter de comorbidités pouvant favoriser le déclin cognitif. Elles se voyaient proposer de participer au bras contrôle ou au groupe THS, dans lequel le traitement oral ou transdermique était prescrit conformément aux recommandations.

Les chercheurs ont réalisé un bilan cognitif et ont dosé différents biomarqueurs clés de la voie β-amyloïde ( Aβ-42, Aβ-40 et leur rapport, BACE1 ), de la physiopathologie de la protéine tau ( p-tau 231, un indicateur précoce de MA) , de la perte neuronale et de la neurodégénération ( NfL plasmatique et taux total de protéine tau t-tau) .

Principaux résultats

Parmi les 224 femmes ayant participé à cette étude, 67 (29,9%) ont été génotypées comme porteuses d'au moins un allèle APOE ε4, leur répartition dans les deux groupes de l’étude étant équivalente. À l’inclusion, aucune différence n’a été observée entre les deux groupes sur le plan cognitif (scores MMSE). Les femmes du groupe témoin étaient néanmoins significativement plus âgées que celles du groupe bras THS (55,7 vs 53,8 ans, p=0,033).

À l’issue des 6 à 7 mois de traitement, aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes concernant les biomarqueurs de la MA des femmes inscrites dans le groupe TMS par rapport aux femmes non traitées. Cependant, l’âge apparaît comme un paramètre influençant le rapport Aβ1-42/tau231, BACE1 et NfL à l’inclusion mais cette influence s’estompe à l’issue du suivi. Par ailleurs, dans le groupe THS, celles qui avaient un allèle APOE ε4 avaient des taux plasmatiques initiaux d'Aβ1-42 plus faibles que les autres et montraient une plus grande réduction du rapport Aβ1-42/p-tau231 que les autres