Le ticagrélor, antibiotique d’un nouveau genre ?

  • Lancellotti P & al.
  • JAMA Cardiol

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

Suite à la réduction du risque infectieux observée chez les patients traités par ticagrélor, une équipe de chercheurs belges a évalué les propriétés antibactériennes de cette molécule. Elle met en évidence un effet important contre les bactéries gram+ (mais pas gram-) porteuses de résistances aux antibiotiques, à la fois in vitro et dans un modèle de souris infectées par S. aureus. Une activité que cette molécule ne semble pas partager avec les autres anti-agrégants plaquettaires.

Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?

Le ticagrélor est un antiagrégant plaquettaire couramment utilisé dans la prévention des événements athérothrombotiques chez les patients à haut risque et ayant des antécédents d’infarctus du myocarde. L’analyse post-hoc des données de l’essai PLATO avait montré que les patients traités par ticagrélor avaient un risque infectieux diminué par rapport à ceux traités par clopidogrel. Plus récemment, le ticagrélor a pu être associé à une amélioration de la fonction pulmonaire chez les sujets hospitalisés pour une pneumonie. Face à ces premiers éléments concordants, des chercheurs de l’Université de Liège se sont interrogés sur les possibles propriétés antibactériennes de cette molécule.

Résultats 

  • Le ticagrélor et l’un de ses métabolites, le AR-C24910, ont montré une activité bactéricide in vitrosur toutes les souches à gram positif testées, y compris celles qui étaient résistantes aux antibiotiques. Les concentrations bactéricides efficaces variaient de 20 à 40 µg/mL selon les souches considérées. En revanche, l’anti-agrégant plaquettaire est apparu inefficace contre les souches gram-négatives pour des concentrations allant jusqu’à 80 µg/mL.
  • Même aux concentrations les plus basses, le ticagrélor s’est montré supérieur à la vancomycine contre Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM), avec une activité antibactérienne in vitro similaire à celle de la daptomycine (un lipopeptide cyclique actif sur les bactéries gram+ et récemment utilisé contre les souches résistantes de S. aureus).
  • À des doses sub-optimales, la molécule a pu avoir un effet synergique avec celui de différents antibiotiques comme la vancomycine, la rifampicine ou la ciprofloxacine, sur des souches résistantes telles que Staphylococcus epidermidis résistants à la méthicilline (SERM) et entérocoques résistants à la vancomycine (ERV).
  • Toujours in vitro, la molécule s’est également montrée capable d’inhiber la formation de biofilm de SARM, de SERM et d’ERV de manière dose dépendante. Et cet effet a été retrouvé in vivodans un modèle murin d’infection à S. aureus, avec des doses couramment utilisées pour obtenir un effet anti-agrégant.
  • Ce type d’activité n’a toutefois pas pu être retrouvé avec le métabolite actif d’un autre antiagrégant plaquettaire, le prasugrel, pour des concentrations allant jusqu’à 100 µg/mL.

Limitations

Effet observé chez la souris, chez qui la pharmacocinétique du ticagrélor diffère de celle qui existe chez l’homme.