Le tézépélumab offre-t-il une épargne cortisonique aux asthmatiques sévères ?
- Wechsler ME & al.
- Lancet Respir Med
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Selon l’étude SOURCE, conduite chez des adultes souffrant d'asthme sévère et dépendant des corticostéroïdes oraux (CSO), l'effet d'épargne cortisonique du tézépélumab (anti-TSLP) est similaire à celui offert par le placebo après une étude menée sur 48 semaines. Cependant, les patients ayant un taux d’éosinophiles d'au moins 150/μL atteignaient des taux de réduction supérieurs sous tézépélumab versus placebo.
Une diminution supérieure du taux d’exacerbations a été observé parallèlement sous tézépélumab, assortie d’une réduction supérieure du taux d'éosinophiles dans le sang, de la FeNO et de la concentration sérique d'IgE totales.
Les auteurs soulignent que la réduction posologique des CSO a été permise sur une longue période durant cette étude, ce qui peut expliquer l’absence de significativité dans cette étude et par rapport à des études antérieures menées avec d’autres biothérapies anti-asthmatiques.
Pourquoi est-ce important ?
Les patients atteints d'asthme sévère sont exposés aux effets indésirables liés à l'utilisation chronique de corticoïdes oraux. Des essais cliniques conduits avec des anticorps monoclonaux ciblant les cytokines de type 2 ou leurs récepteurs ont montré qu’il était possible de réduire, voire d’arrêter le recours à la corticothérapie orale, notamment chez ceux ayant une hyperéosinophilie. Dans ce contexte, la lymphopoïétine thymique stromale (TSLP), une cytokine impliquée dans les phénomènes inflammatoires liés à l'asthme, constitue une nouvelle cible qui pourrait permettre d’envisager une meilleure épargne cortisonique.
Le tézépélumab est un anticorps monoclonal anti-TSLP qui a montré sa capacité à réduire les niveaux de biomarqueurs inflammatoires de type 2 et le taux d’exacerbations versus placebo dans des études de phase 2b et 3, indépendamment du nombre initial d'éosinophiles ou du statut allergique. SOURCE est une étude de phase 3 visant à évaluer dans quelle mesure le tézépélumab permet une épargne cortisonique versus placebo.
Méthodologie
SOURCE était une étude de phase 3, multicentrique, randomisée, en double aveugle dans laquelle des patients de 18 à 80 ans souffrant d'asthme, traités par corticostéroïdes inhalés (CSI) à dose moyenne (augmentée récemment) ou élevée, avec au moins une exacerbation dans les 12 derniers mois. Ils devaient avoir reçu des CSO pendant au moins 6 mois avant l’inclusion et une dose stable durant le dernier mois. Après une phase d'optimisation des CSO, les patients ont été randomisés entre tézépélumab 210 mg SC et un placebo toutes les 4 semaines pendant 48 semaines (4 semaines d'induction, 36 semaines de réduction des CSO, 8 semaines de phase d’entretien).
Principaux résultats
L’étude a inclus 150 patients (âge moyen 53,4 ans, 63% de femmes, 32,37 % avec une éosinophilie<150/μL), dont 97% ont terminé l’étude (sans différence entre les 2 groupes). Ils recevaient après optimisation 11,1 mg et 11,5 mg/j de CSO au début de l’étude dans les groupes tézépélumab et placebo respectivement.
À l’issue de l’étude, ils étaient 54% dans le groupe tézépélumab et 46%dans le groupe placebo à avoir réduit leur dose quotidienne de corticostéroïdes oraux de 90 à 100%. Aussi, les chances de réduire la posologie de CSO au cours du traitement (critère d'évaluation principal) étaient similaires entre les groupes tézépélumab et placebo (OR 1,28 [0,69,2,35], p=0,43).
Cependant, selon une analyse en sous-groupe pré-spécifiée, les chances étaient plus élevées chez ceux dont le taux d’éosinophiles dans le sang était >150/μL (2,58 [1,16,5,75]), alors qu’elles n’étaient pas différentes pour les autres.
Le taux annualisé d'exacerbation de l'asthme, la fonction pulmonaire et le contrôle des symptômes de l'asthme semblaient supérieurs dans le groupe tézépélumab versus placebo.
La tolérance du tézépélumab était globalement bonne, avec 72% de patients signalant un événement indésirable, contre 86% de ceux sous placebo et des événements indésirables graves parmi respectivement 16% et 21% d’entre eux.
Financement
Cette étude a été financée par AstraZeneca et Amgen.
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