Le taux de bilirubine influencerait le risque de cancer colorectal

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • La relation entre les taux de bilirubine non conjuguée et un diagnostic ultérieur de cancer colorectal (CCR) a été explorée par les investigateurs de l’étude EPIC, qui ont complété leur travail par une analyse de randomisation mendélienne. Ils décrivent que des taux élevés de bilirubine non conjuguée sont associés au risque de CCR chez les hommes et sont inversement associés à ce risque chez les femmes.

  • L'analyse par randomisation mendélienne confirme l’association observée chez les hommes lorsqu’elle se fonde sur le variant rs6431625 du gène UGT1A1, impliqué dans le métabolisme de l’hème.

La bilirubine est un produit de dégradation de l’hème et est décrite comme présentant des propriétés anti-oxydantes, notamment lorsqu’elle est sous forme non conjuguée (BNC). Aussi, il est possible que le risque de cancer colorectal, particulièrement lié à l’inflammation chronique, puisse être différent selon le taux sérique de bilirubine. Les études menées jusqu’à présent sur le sujet ont conduit à des résultats contradictoires. Les investigateurs de la large étude européenne EPIC ont exploité leurs données afin d’apporter un éclairage sur la question. Ils ont pour cela mené une analyse selon les taux circulants de BNC chez les deux sexes (étant donné la spécificité des taux physiologiques liée au sexe) ainsi qu’une analyse par randomisation mendélienne à partir des polymorphismes nucléotidiques (SNP) associés au taux circulant de bilirubine.

Méthodologie

EPIC est une cohorte prospective multicentrique ayant recruté 521.330 participants entre 1992 et 2000 dans 10 pays européens (Suède, Danemark, Norvège, Allemagne, France, Grèce, Italie, Espagne, Royaume-Uni et Pays-Bas). Cette étude cas-contrôle nichée a été conduite à partir des données de 1.386 participants ayant présenté un CCR, qui ont été comparés à 1.386 sujets contrôles appariés (1:1) sur le sexe, l’âge, le centre, l’heure de la prise de sang, l’état de jeûne, le statut hormonal pour les femmes.

Par ailleurs, l’analyse par randomisation mendélienne a été conduite à partir des données génétiques et épidémiologiques dérivées de 51 études. Ainsi , 52.775 cas de CCR ont été appariés à 45.940 cas contrôles appariés sur l’âge et le sexe.

Principaux résultats

Le suivi moyen des participants d’EPIC entre la mesure de la BNC et le diagnostic de cancer était de 4,3 ans. Une association significative a été observée entre un taux de BNC élevé à l’inclusion et le risque de CCR chez les hommes après ajustement multivarié (ORa 1,19 [1,04-1,36], p=0,01), la relation tendant à être linéaire. Une relation inverse était décrite chez les femmes (ORa 0,86 [0,76-0,97], p=0,02) chez lesquels l’association variait selon l’âge : la relation ne restait statistiquement significative que chez les femmes les plus âgées (>58,5 ans) à l’inverse des plus jeunes. Par ailleurs, le variant rs6431625 lié au gène UGT1A1 impliqué dans le métabolisme de la bilirubine avait un impact important sur la significativité de l’association chez les hommes, et n’avait pas d’influence chez les femmes.

L’étude de randomisation mendélienne a été conduite séparément pour ce variant, puis à partir des 114 autres SNP. Des niveaux plus élevés de bilirubine prédits génétiquement par la présence du variant rs6431625 étaient positivement associés au risque de CCR chez les hommes (1,07 [1,02-1,12], 0,006), mais non chez les femmes (1,01 [0,96-1,06]). L’analyse menée à partir des 114 autres SNP conduisait à des conclusions différentes chez les hommes (OR 0,89, p significatif).