Le tabagisme : un sujet insuffisamment abordé avec les femmes traitées pour cancer du sein

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Une étude française s’est intéressée au principal facteur de risque modifiable des cancers, à savoir le tabagisme. Celle-ci souligne que la consommation de tabac est un sujet insuffisamment cerné par les professionnels de santé chez les femmes traitées pour cancer du sein, en effet :

  • Aucune mention de la consommation de tabac n’est faite dans les dossiers médicaux électroniques d’environ un tiers des patientes.
  • Le tabagisme n’est ni mesuré, ni abordé systématiquement au cours du parcours de soins de ces femmes.
  • Près d’un tiers des femmes arrêtent de fumer au cours de leur prise en charge oncologique.

La période de prise en charge du cancer, généralement assez longue, constitue une opportunité pour accompagner les fumeuses actives vers l’arrêt du tabac.

Méthodologie

Cette étude rétrospective a inclus des femmes vues consécutivement en consultation pour cancer du sein entre le 3 juin et le 30 octobre 2019 à l’Institut Curie à Paris. La consommation tabagique a été évaluée de manière prospective via des questionnaires administrés par un enquêteur.

Principaux résultats

Au global, 1.234 femmes ont été incluses dans l’étude (âge médian 58 ans, 39,1% en surpoids, 85,2% souffraient de cancer du sein luminal, 7% de cancer du sein triple négatif et 7,8% de cancer du sein HER-2 positif). Toutes les femmes incluses avaient subi une chirurgie, 80,4% une radiothérapie, 25,5% une chimiothérapie, 64% une hormonothérapie. Sur l’ensemble de la population, au moment du diagnostic, 68% n’avaient jamais fumé, 16% étaient des fumeuses actives et autant étaient d’anciennes fumeuses. Bien que la durée médiane du tabagisme était supérieure chez les fumeuses actives par rapport à celles qui avaient arrêté, l’exposition au tabac était similaire dans ces deux sous-groupes. Les fumeuses actives avaient un profil plus jeune que les autres (52,7 ans versus 60,2 ans pour celles qui n’avaient jamais fumé et 58,7 ans pour les anciennes fumeuses). Les fumeuses actives étaient également plus susceptibles d’avoir un poids normal ou d’être en sous-poids que les autres et pratiquaient globalement moins d’activité physique que les autres.

Les femmes qui ne fumaient pas consommaient également moins d’alcool que les autres.

Les données concernant le statut tabagique étaient absentes des dossiers médicaux électroniques pour 32% des cas au moment du diagnostic de cancer. Parmi ces femmes, 13% étaient pourtant fumeuses.

Par ailleurs, 20% seulement des fumeuses se souviennent avoir eu une conversation avec un professionnel de santé au sujet de leur consommation tabagique au moment du diagnostic de cancer. Les chirurgiens étaient les professionnels de santé qui abordaient le plus souvent le sujet.

Lorsque des conseils étaient transmis, ceux-ci étaient avant tout des conseils généraux pour arrêter de fumer (65%), des explications sur les complications du traitement liées au tabac (29%), et seulement quelques patientes recevaient des informations pratiques pour s’engager dans un sevrage tabagique ou étaient orientées vers un spécialiste. 

Sur l’ensemble de la population, 33% des fumeuses actives au moment du diagnostic ont arrêté de fumer ensuite. Plus de la moitié (54%) l’ont fait sans aide spécifique de sevrage. La principale motivation liée à l’arrêt du tabac était la crainte de la récidive du cancer (63%).