Le statut tabagique impacte le pronostic des patients atteints de cancer de la prostate
- Foerster B et al.
- JAMA Oncol.
- Agnès Lara
- Résumé d’article
Une méta-analyse autrichienne montre que les patients atteints d’un cancer localisé de la prostate ont un risque de récidive biochimique, de métastase et de mortalité liée à ce cancer significativement plus important s’ils sont fumeurs au moment du premier traitement, que s’ils ne le sont pas. De plus, les anciens fumeurs ont également un risque plus élevé de récidive (mais pas de métastase ou de mortalité associée au cancer), par rapport aux patients n’ayant jamais fumé.
Ces résultats doivent inciter les oncologues et les urologues à encourager leurs patients à l’arrêt du tabac dès la mise en route des premiers traitements.
Pourquoi est-ce important ?
Le tabagisme est reconnu comme un facteur de risque de développement et de mortalité dans plusieurs types de cancers (génitaux, vessie, rein...). Deux méta-analyses ont déjà montré une augmentation de la mortalité chez les patients fumeurs atteints de cancer de la prostate.
Une récente méta-analyse autrichienne s’est intéressée à l’association entre statut tabagique au moment de la mise en place des premiers traitements et pronostic des patients atteints de ce type de cancer.
Résultats
- La méta-analyse a retenue 16 publications pour l’analyse qualitative et 11 pour l’analyse quantitative, représentant un total de 22.549 patients ayant reçu un premier traitement pour un cancer localisé de la prostate. Ils s’agissait d’études observationnelles et non d’essais randomisés.
- 18,6% des patients inclus étaient fumeurs au moment de leur premier traitement et une récidive biochimique a été enregistrée chez 21,4% d’entre eux. La durée de suivi médiane sur l’ensemble des études considérées était de 72 mois (6 ans).
- La méta-analyse montre que les sujets qui étaient fumeurs au moment à l’initiation du traitement avaient un risque de récidive biochimique significativement plus élevé que les non fumeurs (hazard ratio de 1,40 [IC95% : 1,18-1,66], p<0,001, 10 études), qu’ils aient bénéficié d’une prostatectomie radicale ou d’une première radiothérapie. Et la différence était encore plus marquée lorsqu’ils étaient comparés à des sujets n’ayant jamais fumé. Le surrisque existait aussi, mais dans une moindre mesure, chez les anciens fumeurs (HR de 1,19 [IC95% : 1,09-1,30], p<0,001, 7 études).
- Le risque de métastase et la mortalité liée au cancer de la prostate était également plus important chez les fumeurs, avec un risque multiplié par 2,5 (3 études) et par presque 2 (5 études) respectivement, mais cela n’était pas observé chez les anciens fumeurs. En revanche, le risque ne semblait pas modifié chez les patients qui avaient arrêté de fumer depuis plus de 10 ans.
Méthodologie
Cette revue de la littérature a inclus toutes les publications parues entre janvier 2000 et mars 2017 ayant examiné l’association entre le tabagisme et l’évolution de patients ayant reçu une prostatectomie radicale, une radiothérapie ou les deux, pour un cancer localisé de la prostate.
Limitation
L’évaluation du risque de biais dans les différentes études indiquait un risque modéré à élevé.
Les données concernant les anciens fumeurs et le risque en fonction de la durée de cessation du tabac doivent être considérées avec prudence au regard de leur hétérogénéité.
Par ailleurs les arrêts du tabac durant la période de suivi n’ont pu être pris en compte.
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