Le seuil tensionnel devrait être plus faible chez les sujets diabétiques de type 2. Vraiment ?

  • Nazarzadeh M & al.
  • Lancet Diabetes Endocrinol

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Diabétique de type 2 (DT2) ou non, la diminution de la pression artérielle réduit le risque d’événement cardiovasculaire majeur.
  • Cette réduction de risque n’a été reliée ni à la pression artérielle initiale, ni à la classe thérapeutique utilisée.
  • De fait, les auteurs suggèrent que ces données ne permettent pas de préconiser un seuil de pression artérielle ou l’utilisation de traitements anti-hypertenseurs différents entre les sujets diabétiques de type 2 et non diabétiques.

Pourquoi est-ce important ?

Le risque d’événement cardiovasculaire majeur est plus élevé chez les sujets atteints de DT2. Cependant, les données de la littérature concernant le bénéfice d’appliquer un seuil tensionnel plus strict chez les sujets atteints de DT2 étaient contradictoires. D’où l’intérêt de cette importante méta-analyse qui tient compte des données individuelles, de la pression artérielle systolique à l’inclusion et des classes d’anti-hypertenseurs administrés.

Méthodologie

Cette méta-analyse est basée sur des données individuelles issues des principaux essais contrôlés, randomisés. Les essais retenus devaient avoir recueilli des données sur le statut diabétique du participant, comparé un médicament hypotenseur à un placebo ou à un traitement actif, ou comparé une stratégie hypotensive intensive et standard, en ayant  inclus au moins 1.000 individus dans chaque groupe. Les essais portant exclusivement sur les patients souffrant d’insuffisance cardiaque, ou évaluant un contexte clinique aigu (comme un infarctus du myocarde) ou prenant des traitements à court terme étaient exclus. Le traitement était efficace à partir d’une diminution de 5 mmHg de la pression artérielle systolique. Le critère principal d’évaluation était la survenue d’un premier événement cardiovasculaire majeur (accident vasculaire cérébral, maladie cérébrovasculaire fatale ou non, insuffisance cardiaque nécessitant une hospitalisation ou induisant le décès). Des analyses complémentaires ont été réalisées à partir d’une stratification des patients à l’inclusion (augmentation incrémentale de 10 mmHg depuis PAS <120 mmHg à ≥170 mmHg). 

 

Principaux résultats

La méta-analyse a porté sur 51 essais cliniques publiés entre 1981 et 2014, incluant un total de 358.533 participants (dont 58% d’hommes). Parmi eux, 29% avaient un DT2 connu à l’inclusion. La pression artérielle systolique et diastolique (PAS/PAD) moyenne à l’inclusion était de 149/84 mmHg pour les sujets ayant un DT2 et de 153/88 mmHg pour les autres. Les sujets atteints de DT2 étaient plus susceptibles d’avoir un indice de masse corporelle (IMC) plus important, d’avoir une maladie vasculaire périphérique, une insuffisance rénale chronique et moins susceptibles de fumer que les sujets non diabétiques.

Sur un suivi médian de 4,2 ans, une réduction de 5 mmHg de la PAS a diminué le risque d’évènement cardiovasculaire majeur dans les deux groupes. Le traitement anti-hypertenseur a diminué de 6% et 11% la PAS respectivement chez les sujets DT2 et les autres : (hazard ratio respectifs de 0,94 [0,91-0,98] et 0,89 [0,87-0,92], pinteraction=0,0013).

La réduction absolue du risque d’événement cardiovasculaire majeur n’était cependant pas substantielle entre ces deux profils d’individus. Pour l’expliquer, les auteurs ont suggéré que cela était probablement lié au risque absolu plus élevé d’événement cardiovasculaire chez les diabétiques de type 2.

Les analyses tenant compte de la stratification n’ont pas mis en évidence de différence substantielle entre les deux groupes en fonction de l'anti-hypertenseur administré.