Le rôle essentiel du pharmacien hospitalier dans le lien ville-hôpital

  • Ravn-Nielsen LV & al.
  • JAMA Intern Med

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

L’intervention du pharmacien hospitalier auprès de patients polymédiqués admis à l’hôpital pour des soins de courte durée peut contribuer à réduire le nombre de réadmissions hospitalières à court (1 mois) et à long terme (6 mois), ainsi que les recours aux services d’urgences. Cette intervention comprenait une analyse pharmaceutique des prescriptions, une conciliation de sortie (entretien motivationnel de 30 min avec le patient), puis un suivi par téléphone à 1 et à 6 mois. En revanche, l’analyse pharmaceutique des prescriptions seule ne montre pas d’effet significatif. Ces résultats soulignent le rôle essentiel du pharmacien hospitalier dans le lien ville-hôpital et confortent l’intérêt des missions cliniques qui lui ont été confiées depuis 2015 en France.

Pourquoi est-ce important ?

On estime que les effets indésirables des médicaments sont responsables de 5% des admissions hospitalières. Les patients polymédiqués plus exposés aux erreurs médicamenteuses sont bien sûr concernés au premier plan. Et la transition de l’hôpital à la ville constitue une période particulièrement à risque. En France, depuis l’ordonnance du 15 décembre 2016 relative aux pharmacies à usage intérieur (1), même si l’analyse pharmaceutique des prescriptions reste une mission prioritaire du pharmacien hospitalier, la conciliation de sortie revêt une place essentielle pour sécuriser le retour en ville. De nombreuses publications suggèrent en effet que ces interventions pourraient réduire les erreurs médicamenteuses après la sortie. Mais l’Evidence Based Medicine n’a pas encore permis de faire apparaître clairement les bénéfices de ces nouvelles missions cliniques du pharmacien. Un essai danois de grande ampleur s’est intéressé à la question.

Une évaluation des interventions du pharmacien hospitalier

Cette étude a inclus des patients danois de 18 ans et plus nouvellement admis à l’hôpital pour des soins de courte durée et disposant d’une prescription d’au moins 5 médicaments à prise quotidienne. 1.467 patients ont ainsi été inclus dans l’analyse, une majorité de femme (53,7%), avec un âge médian de 72 ans.

Pour évaluer l’impact de différentes interventions du pharmacien hospitalier, les participants ont été randomisés en 3 groupes : les patients du premier groupe recevaient des soins usuels et constituaient le groupe contrôle ; les patients du groupe « intervention intermédiaire » bénéficiaient d’une analyse pharmaceutique des prescriptions rapidement après leur admission, et ceux du groupe « intervention complète » participaient en plus à 3 entretiens motivationnels avec un pharmacien hospitalier expérimenté, l’un à la sortie d’hôpital (conciliation de sortie), un autre par téléphone après 1 mois et un troisième après 6 mois.

Les bénéfices d’une intervention à plusieurs niveaux

Dans le groupe « intervention complète », un nombre plus faible de patients a été réadmis à l’hôpital dans les 30 jours (Hazard ratio (HR) de 0,62) ou dans les 180 jours (HR 0,75) suivant leur sortie d’hôpital par rapport au groupe groupe contrôle.

Le nombre de patients ayant été réadmis ou ayant dû recourir aux services d’urgence dans les 180 jours (critère principal composite) a également été réduit (HR 0,77).

Une réduction des réadmissions liées à une cause d’origine iatrogène dans les 30 jours (HR 0,65) et dans les 180 jours (HR 0,80) suivant l’inclusion a été observée sans toutefois atteindre la significativité. Le nombre de décès d’origine iatrogène à 180 jours (HR 0,83) et de recours aux services d’urgence (HR 0,74) a également été diminué (non significatifs).

Ces différents critères étaient réduits dans le groupe « intervention intermédiaire », mais de façon non significative.

Le nombre de patients à traiter pour que l’un d’eux atteigne le critère principal a été estimé à 12 dans le groupe « intervention complète » et à 65 dans le groupe « intervention intermédiaire » (vs groupe contrôle).

Limitations

Il n’était pas possible de masquer la totalité des interventions.