Le risque d’infection au SARS-CoV-2 repose-t-il sur le sexe ou le genre ?

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Dès le début de l’épidémie à SARS-CoV-2, des différences ont été observées entre les hommes et les femmes face au risque d’infection et de formes graves de COVID-19. Des différences biologiques ont été avancées mais les éléments d’ordre social n’ont été que peu explorés, notamment en France. Des chercheurs ont donc voulu investiguer cette notion à travers les données du Baromètre COVID-19n une enquête en ligne fonctionnant par sondage hebdomadaire auprès d’un panel de 5.000 personnes représentatives de la population adulte française de Métropole.

Le poids de l’interaction entre sexe et catégorie socioprofessionnelle

Ce panel a regroupé un total de 25.001 personnes entre le 7 avril et le 11 mai 2020, constitué à 55,5% de femmes, dont 32,5% avait moins de 40 ans et 23,5% au-delà de 64 ans. Sur le plan sociodémographique, les femmes étaient plus jeunes et présentaient moins de comorbidités que les hommes. Sur le plan socioéconomique, elles occupaient plus souvent des professions intermédiaires ou de salariés et étaient plus souvent inactives qu’eux.

Durant la période d’analyse, 4% des femmes et 3,2% des hommes ont présenté une infection à SARS-CoV-2. L’analyse multivariée prenant en compte le sexe et facteurs de confusion conventionnels (âge, région, type d’agglomération, période de la vague d’enquête, comorbidités, IMC, densité de personnes dans le logement) montre que les femmes ont un risque d’infection accru de 23% (OR : 1,23 [1,06-1,42], p=0,006). Lorsque le modèle intègre les variables sociéconomiques, le surrisque des femmes persiste (OR : 1,26 [1,09-1,47], p=0,002). En revanche, la variable d’interaction entre sexe et catégorie socioprofessionnelle apparaît significative , indiquant l’association existant entre les deux paramètres ; de plus, lorsque c’est cette variable qui est intégrée à l’analyse multivariée, le sur-risque présenté par les femmes disparaît (OR : 0,84 [0,59-1,19], p=0,327).

Aussi, les liens croisés entre sexe et profession apparaissent déterminants dans le risque d’infection et écartant « possiblement l’effet du sexe « biologique » au profit d’un effet du genre » concluent les auteurs, qui suggèrent que de nouvelles études sur l’effet du genre seraient intéressantes à conduire, via une approche intersectionnelle qui, pour l’heure est encore peu utilisée en France