Le réentrainement à l’effort efficace pour réduire les symptômes dépressifs chez les patients BPCO

  • Soler J & al.
  • Rev Mal Respir

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Cette étude lorraine menée en « vraie vie » confirme la forte prévalence (30%) des troubles dépressifs chez les sujets atteints de BPCO.
  • Elle montre l’efficacité significative d’un réentraînement à l’exercice sur une période de 12 mois, à la fois sur le temps d’endurance et sur les symptômes dépressifs, ces deux paramètres étant corrélés.

 

La prévalence des troubles dépressifs atteint 25% chez les patients atteints de BPCO et elle est associée à une réduction de la qualité de vie, à une moins bonne adhésion aux soins et à une plus forte morbi-mortalité. La réhabilitation respiratoire, qui comprend le réentraînement à l’exercice (renforcement musculaire, endurance) et l’éducation thérapeutique, est efficace pour améliorer le handicap respiratoire à l’effort et la qualité de vie, et elle est recommandée dès les premiers stades de la maladie. Cependant, son effet sur les symptômes dépressifs a été encore peu étudié. S’appuyant sur un programme de réentraînement inclus dans la prise en charge par le réseau Insuffisance Respiratoire, des chercheurs lorrains ont mesuré son impact, en conditions de vie réelle, sur les symptômes dépressifs.

Méthodologie

Le programme de réentraînement à domicile a inclus 515 patients atteints de BPCO, fumeurs ou anciens fumeurs, et totalisant une intoxication tabagique d’au-moins 10 paquets-années. Ce programme comportait quelques séances à l’hôpital (20 demi-journées en établissement de soin), puis 12 séances à domicile, encadrées par un professionnel de santé formé, tous les 15 jours durant le premier trimestre, tous les mois le deuxième, puis tous les 3 mois jusqu’à la fin de l’année de suivi. Les patients devaient aussi pratiquer seuls au moins 3 fois 30 minutes par semaine. Il n’y avait pas d’éducation thérapeutique, ni de prise en charge psychologique. La qualité de vie (Questionnaire du Saint-Georges’ Hospital, SGRQ), les symptômes de dépression (score de Beck forme courte, BDI-SF, critère principal) et le temps d’endurance ont été évalués à l’inclusion, puis après 12 mois de suivi de programme de réentraînement.

Résultats

  • Sur les 421 patients ayant terminé le programme de réentraînement, 182 patients disposaient de données suffisantes à l’inclusion et à 12 mois pour être pris en compte dans l’analyse.
  • Parmi eux, 60% présentaient un stade GOLD de 3-4, 30% avaient des troubles dépressifs à l’inclusion (BDI-SF>4), 18% présentaient des troubles moyens à sévères (BDI-SF>7) et 4% des troubles sévères (BDI-SF>7>15).
  • Durant le programme, les symptômes dépressifs ont été significativement diminués, passant de 4,2 à 2,7 (p<0,001).
  • Le temps d’endurance, utilisé comme déterminant de la réponse musculaire du réentraînement à l’effort, a quant à lui été augmenté de 6,4 min à 17,2 min (p<0,001). Et plus de 70% des patients ont amélioré leur temps de plus de 2 minutes.
  • L’amélioration des symptômes dépressifs mesurée par le BDI-SF était corrélée à l’augmentation du temps d’endurance.

Limites

  • Absence de groupe contrôle, nombre important de données manquantes, nombre et durée des séances réalisées en autonomie par les patients inconnus.
  • Impossibilité d’élargir ces résultats à l’ensemble des patients atteints de BPCO.