Le régime alimentaire peut-il réellement réduire le risque de démence ?

  • Agnès Lara|Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon l’analyse de 3 études de cohorte et une méta-analyse, une forte adhésion au régime MIND (Mediterranean-Dash Intervention for Neurodegenerative Delay) combinant les principes du régime DASH (Dietary Approaches to Stopping Hypertension) et du régime méditerranéen, est associée à un moindre risque de démence toutes causes confondues.
  • Des études sont maintenant attendues pour éclaircir la cause de cette association, évaluer l’effet dans des populations spécifiques et définir les fenêtres d’intervention optimales.

Pourquoi est-ce important ?

Face au vieillissement de la population et au fardeau grandissant de la démence, des interventions préventives visant à éviter ou à retarder le développement des démences suscitent beaucoup d’intérêt. Le régime MIND qui associe les principes du régime DASH pour combattre l'hypertension artérielle par l'alimentation (réduction du sel et suppression des produits transformés) et du régime méditerranéen (riche en graisses polyinsaturées/oméga-3 en en antioxydants) a été associé à un moindre risque de maladie d’Alzheimer et à un déclin cognitif plus lent. Mais l’intérêt de ce régime pour prévenir la démence reste encore mal évalué. Une étude parue dans le JAMA a évalué l’association entre adhésion au régime MIND et risque de démence à partir d’une méta-analyse de 3 études de cohortes prospectives.

Méthodologie

Les trois cohortes prises en compte étaient celles de l’étude anglaise Whitekhall II study (WII), et des études américaines Health and Retirement Study (HRS) et Framingham Heart Study Offspring (FOS) ayant analysé l’effet d’un régime méditerranéen sur les démences à long terme. 

Puis une méta-analyse a été réalisée à partir de ces 3 études et d’autres études en population ayant évalué l’adhésion au régime MIND et le risque de démence ou de maladie d’Alzheimer toutes causes confondues. L’adhésion au régime MIND était mesurée par un score allant de 0 à 15, 15 représentant le plus haut niveau d’adhésion. 

Principaux résultats

L’analyse des trois cohortes a inclus 18.136 participants de 45 ans ou plus et exempts de démence. L’âge moyen à l’inclusion était de 62 ans dans la cohorte WII, 66 ans dans la cohorte HRS et 64 ans dans la cohorte FOS et les scores MIND moyens respectivement de 8,3, 7,1 et 8,1.

Sur un total de 166516 personnes-années, 775 participants ont développé une démence toutes causes confondues (WII : 220, HRS : 338 ; FOS : 217).

En analyse multivariée, les score MIND les plus élevés étaient associés à un moindre risque de démence, avec un Hazard Ratio (HR) poolé de 0,81 [0,67-0,98] pour ceux dont le score MIND figurait dans le tertile le plus élevé par rapport à ceux dont le score se situaient dans le tertile le plus bas. Le HR était de 0,83 [0,72-0,95] pour chaque augmentation de 3 points du score MIND, (ptendance 0,01).

Les facteurs qui étaient le plus contributifs à l’obtention d’un score MIND élevé étaient une forte consommation de légumes verts et autres légumes, de baies, de noix, d’huile d’olive et de haricots, associés à une faible consommation de viande rouge et de produits transformés à base de viande.

Cette même association a pu être retrouvée dans l’analyse en sous-groupes quels que soient le sexe, l’âge, ou l’IMC. Elle n’a en revanche pas pu être observée chez les fumeurs, alors qu’elle était très significative chez les non-fumeurs.

La méta-analyse a retenu 11 études représentant 224.049 participants et 5.279 cas de démence (2,4%). Une réduction du risque de démence de même ampleur a été retrouvée entre les sujets dont le score MIND était dans le tertile le plus élevé par rapport à ceux dont le score était dans le tertile le plus bas : HR 0,83 [0,76-0,90], avec une hétérogénéité modérée entre les études.