Le profil des jeunes urgentistes français pourrait changer…

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

La médecine d’urgence est devenue une spécialité filiarisée en France depuis novembre 2017, avec la création du diplôme d’études spécialisées de médecine d’urgence (DESMU). Pour la première fois, une étude s’est intéressée au profil des étudiants qui choisissaient cette filière afin de comprendre s’il différait de celui de leurs aînés ayant reçu un diplôme complémentaire d’études spécialisées. 

Les résultats de cette étude montrent que pour 80% des étudiants le DESMU correspondait à leur premier choix, que leur motivation était avant tout basée sur la transversalité de la spécialité et la pratique de gestes techniques et que leur principale appréhension était le manque de perspectives de réorientation au cours de leur carrière. Les auteurs de l’étude mettent en avant la nécessité d’une communication de la part des enseignants sur les possibilités offertes en cours de carrière, par l’exercice du métier d’urgentiste.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

De nombreuses études ont montré que les étudiants intéressés par la médecine d’urgence ont des profils de motivation différents de ceux d’autres spécialités. Par ailleurs, une étude menée entre 2012 et 2017 montrait que les internes en médecine d’urgence étaient majoritairement réticents à s’inscrire à l’Ordre des médecins en tant qu’urgentiste, et que 40% d’entre eux seulement avaient réellement choisi le DES de médecine d’urgence à l’issue de l’examen de classement national. Ainsi, les auteurs de l’étude ont pré-supposé que les nouveaux étudiants pouvaient avoir un profil différent de celui des promotions précédentes. L’objectif final est de pouvoir améliorer l’attractivité de la spécialité et d’adapter les modalités d’enseignement à partir des données recueillies par cette étude.

Méthodologie

Étude épidémiologique transversale descriptive basée sur des données déclaratives recueillies à partir d’un questionnaire anonyme envoyé par courriel à tous les internes de phase socle du diplôme de médecine d’urgence affectés en 2017 dans les 28 subdivisions françaises.

Principaux résultats

Sur les 460 postes ouverts en octobre 2017, au choix de la spécialité de médecine d’urgence, tous ont été pourvus, ce qui confirmerait l’attrait pour la spécialité. Au total, le taux de participation à l’enquête était de 82%.

Parmi les étudiants ayant répondu, 51% étaient des femmes, d’âge moyen 26 ans. Durant leur externat, 86% des répondants avaient réalisé un stage aux urgences, 93% des gardes et 44% un stage ou des gardes au SAMU/SMUR. Seuls six étudiants ont choisi cette spécialité sans pour autant n’avoir eu aucune expérience en amont de leur choix. Pour 81% des étudiants du DESMU, il s’agissait d’un choix motivé par l’envie (leur premier choix de spécialité) et pour 18% un choix par défaut. La motivation du choix était favorisée par ordre décroissant par la transversalité de la spécialité (86%), les gestes techniques pratiqués (86%), le contexte aigu (73%), le travail en équipe (72%), les lieux d’exercice divers et multiples (67%), l’exercice hospitalier (46%), le temps de travail encadré par la loi (41%), l’absence de suivi à moyen ou à long terme du patient (32%) et le salariat (15%).

Les étudiants projetaient de travailler par ordre décroissant : en centre hospitalier général, régional, de périphérie (71%), en centre hospitalo-universitaire (59%) puis en hôpital privé (35%) ou en clinique (35%).

Les appréhensions les plus fréquemment exprimées étaient l’absence de réorientation possible (notamment l’absence de passerelles vers d'autres DES, dont celui de médecine générale) pour 33% d’entre eux, la fatigue et l’épuisement (physique ou moral) pour 31% et l’adaptation du rythme en fin de carrière pour 23%.

Principales limitations

Les données recueillies sont des données déclaratives.