L’incidence de la fibrillation auriculaire (FA) est mal connue, surtout en médecine de ville. Une équipe de Santé publique France a construit un algorithme permettant d’identifier les patients nouvellement traités pour cette pathologie par anticoagulants oraux (ACO), à partir du Système national des données de santé. Celui-ci collecte des informations sociodémographiques et médicales individuelles exhaustives pour l’ensemble des personnes résidant en France.
Une incidence élevée
Les résultats confirment le poids important de la FA sur la santé publique : en 2018, 225.747 nouveaux patients ont bénéficié d’un traitement par ACO motivé par cette pathologie (en prévention d’un accident vasculaire cérébral ou pour une autre raison). Soit un taux standardisé sur l’âge de 410 pour 100.000 habitants.
La proportion de femmes était de 47,1%. La moyenne d’âge était de 76 ans±10,2 ans. Elle était plus élevée chez les femmes (79,2±9,2 ans) que chez les hommes (73,2±10,5 ans). Les personnes de moins de 65 ans représentaient 16,1% des patients (21,6% chez les hommes et 10,0% chez les femmes). La proportion de patients appartenant au quintile de désavantage social le plus défavorisé était plus importante que celle appartenant au quintile de désavantage social le moins défavorisé (21,6% vs 17,1%).
Le rôle majeur des anticoagulants oraux directs
Le taux des nouveaux patients traités par ACO a connu un pic en 2012 (455,2/100.000). Il a continué sa croissance les années suivantes, en particulier chez les femmes, les personnes de moins de 65 ans et celles âgées de plus de 85 ans. L’introduction des anticoagulants oraux directs (AOD) a en effet permis de proposer un traitement anticoagulant autre que les antivitamines K à des personnes ayant un risque hémorragique plus élevé et surtout beaucoup facilité la prise et le suivi du traitement. Il est également possible que l’amélioration du diagnostic de FA (notamment par monitoring) ait joué un rôle.
Chez les personnes de moins de 65 ans, la hausse est sans doute due à un rapport bénéfices/risques supposé meilleur chez elles. Chez les femmes, c’est l’utilisation du score CHA2DS2-VaSc en remplacement du score CHADS2 qui expliquerait cette augmentation : il apportait un point de risque supplémentaire au sexe féminin. Cependant, depuis 2016, celui-ci n’est plus considéré comme tel. Les tendances selon le sexe pourraient donc à nouveau se modifier.
De fortes disparités départementales
Il existe de fortes disparités départementales. Le Nord et le Pas-de-Calais avaient des taux de plus de 20% supérieurs à la moyenne nationale. D’autres départements du quart nord-est (Meuse, Moselle, Haute-Marne, Bas-Rhin, Haute-Saône) et sud-ouest (Landes, Aude, Pyrénées-Atlantiques) avaient des taux élevés, entre 10 et 20% supérieurs à la moyenne nationale. Ils sont le reflet des disparités de prévalence des facteurs de risque de FA (hypertension artérielle, obésité, diabète).
En revanche les taux standardisés étaient bien plus bas en Guyane (124,4) et en Martinique (266,9). C’est a priori surprenant, la prévalence de ces mêmes facteurs de risque étant plus élevée dans ces départements qu’en France métropolitaine. Cette discordance s’explique sans doute par un sous-diagnostic de FA et/ou une moindre initiation du traitement par ACO.
Les auteurs notent que les cas de FA qu’ils ont relevés étaient principalement traités en ville. Ils soulignent que le système de données qu’ils ont utilisé ne permet pas d’identifier tous les cas de FA : une partie d’entre eux n’est pas traitée par ACO, notamment ceux à très bas risque d’AVC, ceux à risque hémorragique élevé et ceux ayant une maladie rénale avancée. Ils estiment à environ 15% la proportion de ces FA non traitées par ACO.
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