Le paradoxe de l’obésité dans le cancer : une association contre-intuitive à nuancer…
- Antoun S & al.
- Eur J Cancer
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
À retenir
- Des chercheurs ont cherché à évaluer si le paradoxe de l’obésité - association contre-intuitive entre un indice de masse corporelle (IMC) élevé et une survie plus longue, chez les patients atteints de cancer – se confirmait lorsque l’on tenait compte plus finement des variations de poids, de la masse musculaire et du type de tumeur.
- Ils ont montré chez des patients traités par inhibiteurs de check points immunitaires (ICI) qu’il existait bien une association entre IMC élevé et augmentation de la survie en analyse univariée, mais que cette association disparaissait lorsque des facteurs confondants étaient considérés comme la perte de poids.
- Ainsi, pour les auteurs, l’IMC seul n’est pas un critère morphologique suffisant à considérer l’initiation d’un traitement.
Pourquoi est-ce important ?
La mesure de l’IMC bien souvent à travers une mesure unique lors d’une évaluation initiale ne reflète pas la dynamique des changements métaboliques de l’individu. Ainsi, 22% et 37% des patients atteints de mélanome et de cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) et considérés comme ayant un IMC normal à l’inclusion ont eu précédemment une perte de poids >6%. Par ailleurs, des études ont montré un impact délétère de la diminution de l’IMC chez les sujets sous ICI. Enfin, la réduction de la masse musculaire, indépendamment de l’IMC, est un facteur pronostique bien établi en cas de maladie avancée. D’où l’intérêt d’analyser la situation plus finement.
Méthodologie
Analyses secondaires des données d’une cohorte prospective comprenant des patients consécutivement traités par ICI pour un mélanome ou un CBNPC.
Principaux résultats
Au global 800 patients ont été inclus, 411 atteints de mélanome et 389 de CBNPC. La plupart (85%) avaient une maladie avancée (stade IV). Chez les sujets atteints de mélanome, l’IMC médian était de 24,6 kg/m2(dont 45,7% de sujets en surpoids ou obèses et 4,8% en sous-poids). L’IMC médian des patients atteints de CBNPC était de 22,7 kg/m2 avec 29,0% de sujets en surpoids ou obèses et 14,5% en sous-poids. Si la perte de poids et la réduction de la masse musculaire squelettique était particulièrement prononcée pour les individus ayant les plus faibles IMC, elle était constatée pour tous les niveaux d’IMC. La survie globale médiane était de 21,0 mois et de 8,9 mois respectivement pour les sujets atteints de mélanome et de CBNPC.
Dans l’ensemble de la population, la survie globale médiane différait en fonction de l’IMC. Elle était de 4,4 mois pour les sujets en sous-poids, 11,2 mois pour les sujets de poids normal, 19,6 mois pour ceux en surpoids et 18,8 mois pour les patients obèses.
L’analyse univariée a mis en évidence que le surpoids et l’obésité étaient associés à une survie significativement plus longue chez les sujets atteints de CBNPC (p<0,01), mais pas pour ceux atteints de mélanome.
Une perte de poids et une réduction de la masse musculaire squelettique ont été observées chez les patients de toutes les catégories d’IMC.
En analyse multivariée, la perte de poids était associée à une survie plus courte à la fois pour les patients qui souffraient de cancer pulmonaire et de mélanome. Cependant, chez les patients atteints de CBNPC, l’association entre IMC et survie perdait de sa significativité lorsque la perte de poids était considérée.
Lorsque les analyses ont pris en compte la masse musculaire squelettique (mesurée par tomodensitométrie), la perte de poids restait significativement associée à la survie pour les deux types de tumeurs. En revanche la réduction de la masse musculaire squelettique était associée à une plus faible survie uniquement pour le CBNPC.
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