Le paradoxe de l’IMC est-il maintenu en cas de résection pulmonaire ?

  • Alifano M & al.
  • Cancers (Basel)

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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À retenir

Dans le cancer du poumon, le « paradoxe de l’obésité » concède une meilleure survie aux sujets en surpoids ou obèses par rapport à ceux de poids normal. Une équipe de chercheurs et cliniciens français a vérifié si ce constat était maintenu après chirurgie curative pulmonaire pour cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) auprès de plus de 50.000 patients.

  • Les résultats soulignent effectivement de nouveau que l’IMC est un facteur prédictif fort et indépendant de la survie après chirurgie curative pour CPNPC. 
  • Par rapport aux sujets de poids normal, ceux qui étaient en sous-poids avaient la moins bonne survie, alors que ceux qui étaient en surpoids ou obèses avaient un meilleur pronostic vital. De tous les groupes, ceux qui étaient obéses avaient la meilleure survie.

Intérêt de ces données

Récemment une étude britannique de grande envergure a analysé 22 sites de cancer, et a montré à partir de plus de 300.000 sujets suivis durant presque 9 années, que :

  • le risque de cancer est augmenté par rapport à des sujets de poids normal, chez les hommes en surpoids ou obèses, pour trois sites (l’estomac, le rein et le colon-rectum), et chez les femmes en surpoids ou ayant une obésité centrale, pour quatre sites (l’endomètre, l’utérus, le rein et le sein) ; 
  • une association inverse a été mise en évidence pour les cancers de la prostate, du sein chez la femme préménopausée, à la fois globalement et chez les non-fumeurs ; 
  • en revanche, pour le cancer du poumon et de la bouche, aucune association n’a été mise en évidence pour les non-fumeurs ;
  • une association inverse a également été mise en évidence entre l’IMC et la survenue de ces cancers chez les fumeurs actuels ou ex-fumeurs. Ce qui suggère une pathogenèse différente pour ces cancers.

L’étude présentée ici vient compléter ces données apportant un regard sur l’impact de l’IMC en cas de chirurgie pulmonaire curative.

Méthodologie

Les informations des patients sont issues de la base de données nationale de la Société française de chirurgie thoracique et cardiovasculaire. Des sous-groupes de patients ont été définis en fonction de l’indice de masse corporelle (IMC) : <18,5 kg/m2 (poids insuffisant), 18,5 à <25 kg/m2 (poids normal), 25 à <30 kg/m2 (surpoids) et >30 kg/m2 (obésité).

Principaux résultats

54.631 patients atteints d’un CPNPC réséqué, ont été inclus consécutivement dans l’étude sur une période de 15 ans. L’âge moyen des participants était de 64,1 ans (70% d’hommes). L’indice médian de comorbidité de Charlson était de 4,4. Sur l’ensemble des patients, le Performance status était de 2-4 chez 9,4% des individus. L’IMC moyen à l’inclusion était de 25.3 kg/m2, 2.468 sujets (4,5%) étaient en sous-poids, 46,6% de poids normal, 34,3% en surpoids et 14,4% obèses. Parmi les sujets obèses, 78,3% avaient un IMC entre 30 et 34 kg/m2, 17,0% un IMC entre 35-39,9 kg/m2 et 4,7% un IMC > 40 kg/m2.

Le sous-poids était plus fréquent chez les femmes et les jeunes et le surpoids et l’obésité chez les hommes et les sujets âgés. La survie médiane était de 5,3 ans.

L’impact du surpoids a été confirmé après stratification en fonction du sexe ou de l’indice de comorbité de Charlson. Parmi les patients obèses, l’IMC le plus élevé était associé à une meilleure survie. Après ajustement sur la période de l’étude, l’âge, le sexe, le Performance status, l’indice de Charlson, la localisation de la tumeur, l’étendue de la résection, le type histologique et le stade de la maladie, l’amélioration de la survie était plus élevée pour les sujets en surpoids (HR 0,84 [0,81-0,87]) ou obèses (HR 0, 80 [0,76-0,84]) et réduite chez les individus en sous-poids (HR 1,51 [1,41-1,63]).

Ainsi, cette étude montre que l’IMC est un facteur important, indépendant, et prédictif de la survie des patients opérés pour CPNPC.