Le nombre de cas de mycoses invasives augmente en France
- Bretagne S & al.
- mBio
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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Selon les données du RESeau de Surveillance des Infections Fongiques (RESSIF), certaines mycoses invasives restent stables tandis que d’autres (mycose à levures) ont progressé entre 2012 et 2018. Cette tendance n’est pas accompagnée d’une évolution pronostique, alors que les outils diagnostiques sont plus sensibles et que les traitements disponibles sont globalement efficaces.
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L’âge moyen des patients et le nombre de co-infections mycosiques ont aussi légèrement progressé sur cette période.
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Ces tendances soulèvent des questions cliniques à résoudre. La surveillance active et pluridisciplinaire, telle qu’elle est aujourd’hui assurée, reste donc un élément important.
Pourquoi est-ce important ?
Les mycoses invasives sont des maladies principalement opportunistes dont l’incidence reste relativement difficile à appréhender de façon exhaustive, étant donné la nécessité d’une expertise pluridisciplinaire pour poser le diagnostic et de l’absence de système de surveillance systématique. En France, RESSIF a été mis en place en 2012 sous la supervision du Centre national de référence des Mycoses invasives et antifongiques (CNRMA), en lien avec Santé Publique France : il regroupe aujourd’hui une trentaine de centres hospitaliers nationaux (12 en 2012) qui recensent tous les cas de mycoses invasives diagnostiqués dans ces centres. La surveillance des tendances en fonction du temps permet d’identifier des infections ou des résistances émergentes ou la modification des spécificités cliniques ou pronostiques liées à ces maladies.
Méthodologie
Les centres participant au réseau RESSIF représentent environ 45% des journées d’hospitalisation des CHU français et 15 des 18 régions. Ils avaient déclaré tous les cas recensés dans leur établissement, ainsi que leurs caractéristiques cliniques et microbiologiques. L’analyse a été menée sur la période 2012-2018.
Principaux résultats
Au cours de la période 2012-2018, 10.886 mycoses invasives ont été recensées chez 10.154 patients (95,9% de patients adultes, âge médian 61,4 ans, ratio homme/femme 1,7:1 chez les adultes). Dans 43,2% des cas, les infections étaient associées à un contexte de pathologie tumorale.
Les principales mycoses recensées durant toute cette période ont été les mycoses à levures (49,3%), puis les pneumopathies à Pneumocystis jirovecii (19,4%) et les aspergilloses invasives (15,3%). L’incidence moyenne des mycoses invasives était ainsi de 2,21/10.000 journées d’hospitalisation, avec une progression de 1,16 à 2,36/10.000 sur la période. Cette augmentation était principalement portée par celle des fongémies (1,03 à 1,19/10.000), les autres mycoses étant restées globalement stables.
Au cours de la période d’analyse, l’âge médian des patients infectés a augmenté (avec 45,3% de sujets de 65 ans et plus en 2018, contre 38,4% en 2012 et un âge médian ayant progressé de 60,5 à 62,8 ans.
Concernant les mycoses à levure, la principale étiologie était Candida albicans (55,6%). Elles concernaient surtout des sujets atteints de cancer (37,8%) et le taux de mortalité global à 1 et 3 mois était de 36,3% et 47,8 % respectivement, sans amélioration au cours du temps.
Concernant les pneumopathies à P. jirovecii, elles touchaient aussi principalement des patients atteints de cancer (46,8% dont la majorité étaient des cancers hématologiques et de la lymphe) et 19,3% de sujets VIH+. La mortalité globale était de 18,7% et 26,3% à 1 et 3 mois, sachant qu’elle était largement plus élevée chez les sujets séronégatifs que chez les séropositifs (21,9% et 30,7% respectivement versus contre 5,4% et 7,7%).
Concernant l’aspergillose, elles concernaient pour 2/3 des cas des hémopathies malignes et étaient associées à une mortalité stable au cours du temps (34,5% et 42,5% à 6 semaines et 3 mois, respectivement).
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