Soit deux individus consommant les mêmes quantités excessives d’alcool. Chez l’un se développera une hépatite alcoolique aigüe puis une cirrhose, alors que chez l’autre seulement une stéatose hépatique, qui n’évoluera pas vers une maladie plus grave. Pourquoi cette différence ? Parce que leur microbiote intestinal n’est pas le même. C’est le résultat étonnant que vient d’obtenir une équipe de médecins et de chercheurs travaillant dans différentes institutions (INRA, Université Paris Sud, AgroParisTech, Inserm, AP-HP et Aix-Marseille Université).
Au départ, ils se sont aperçus que la flore intestinale des patients souffrant d’hépatite alcoolique aigüe était fortement déséquilibrée, ce qui n’était pas le cas de ceux n’ayant qu’une stéatose hépatique. Ils ont alors comparé deux lots de souris élevées dans un environnement parfaitement stérile, donc dépourvues de microbiote intestinal. Dans le premier groupe, ils ont introduit le microbiote intestinal de patients ayant une hépatite, dans le second celui de patients ayant une stéatose, et ils ont fait consommer de l’alcool à tous les animaux. Seuls les premiers ont développé une inflammation du foie et des tissus adipeux, préliminaire à la cirrhose.
Ils ont répété l’expérience chez des souris élevées en conditions normales, donc développant leur propre microbiote, en administrant à certaines le microbiote de patients hépatiques, aux autres celui de patients ayant une stéatose. Les résultats ont été identiques.
Ces travaux montrent donc le rôle majeur joué par le microbiote intestinal dans la susceptibilité des individus à la toxicité hépatique de l’alcool. La différence est notamment due à la production plus importante d’acide ursodésoxycholique par les bactéries du microbiote protecteur. Cet acide est déjà utilisé dans le traitement de certaines maladies chroniques du foie (cholestase, lithiase). Plus généralement, on peut envisager de réduire les lésions hépatiques alcooliques par absorption de probiotiques ou carrément en remplaçant le microbiote pathogène par un microbiote sain. Autre possibilité : le changement des habitudes alimentaires pour modifier le microbiote ...
Dr Serge Cannasse
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