Le microbiote du sujet âgé : impact de l’alimentation et de l’activité physique - Partie 2/3
- Nathalie Barrès
- Résumé d’article
Après le rôle du microbiote sur le processus de vieillissement, les auteurs de Comprehensive Gut Microbiota ont apporté quelques éléments de compréhension de l’impact de l’alimentation et de l’activité physique sur le microbiote. Des données de la littérature permettent d’estimer que l’espérance de vie dépendrait à 25% du génotype et à 75% de l’environnement. L’alimentation et l’activité physique sont des facteurs environnementaux qui ont un impact sur le microbiote.
Le microbiote des centenaires au service de la science
L’analyse par métagénomique du microbiote intestinal des sujets âgés pourrait dans quelques années constituer un repère de « l’horloge du vieillissement ». En effet des données scientifiques ont montré que le microbiote de centenaires tendait à être plus diversifié que celui de leurs congénères ne vivant pas aussi longtemps, et similaire à celui des adultes plus jeunes. Des travaux ont montré une augmentation de la proportion de Lachnospiraceae, Ruminococcaceae, Bidifobacterium et Akkermansia chez les centenaires, quelle que soit leur situation géographique. Il est cependant encore difficile aujourd’hui de savoir si ces caractéristiques étaient déjà présentes chez ces individus lorsqu’ils étaient plus jeunes.
Enfin, s’il reste difficile de caractériser un « microbiote sain » chez les sujets âgés, une diversité microbienne réduite, de faibles niveaux de bactéries productrices de butyrate et l’augmentation de bactéries fermentant les protéines ainsi que les micro-organismes pro-inflammatoires sont des facteurs de dysbiose chez le sujet âgé. Un microbiote sain est par ailleurs capable de synthétiser différents composés nutritionnels bénéfiques, comme des anti-oxydants (vitamine B12 ou acide folique), des acides aminés spécifiques (tryptophane) impliqués dans l’anabolisme des muscles squelettiques.
D’autres phénomènes concourent à la modification du microbiote. Les difficultés de mastication dues à la détérioration de l’état bucco-dentaire, la diminution de la production de salive ou d’acide chlorhydrique qui réduisent notamment la biodisponibilité de certains nutriments.
Place de l’alimentation et de l’activité physique pour la santé des sujets âgées
L’alimentation est l’un des principaux facteurs qui modulent la composition et l’activité métabolique du microbiote intestinal. La sénescence est associée à un changement progressif de la composition corporelle avec une perte de la masse musculaire et une augmentation de l’adiposité totale indépendamment de la prise de poids corporel. Certaines pathologies chroniques entraînent de leur côté une augmentation de l’inflammation chronique et du catabolisme protéique favorisant également la perte de masse musculaire.
Même si aucun régime alimentaire idéal n’a été identifié à ce jour pour moduler le microbiote des personnes âgées, plusieurs auteurs suggèrent que le régime méditerranéen pourrait être un bon candidat car il est source de composés bioactifs et antioxydants via les fruits et légumes, de fibres et de composés phénoliques par céréales et légumineuses, une consommation modérée de vin et un apport en lipides de qualité via l’huile d’olive. Si les connaissances sont encore insuffisantes pour expliquer les mécanismes en jeu, des études transversales (observationnelles et interventionnelles) ont confirmé l’impact du régime méditerranéen sur le microbiote intestinal des personnes âgées. De récentes études ont mis en évidence que le microbiote agissait également sur la baisse d’appétit et la fonte musculaire. Outre l’intérêt des fibres sur le maintien d’un microbiote de qualité, celles-ci améliorent la motilité intestinale et réduisent le temps de transit. Si les apports protéiques recommandés pour un adulte se situent entre 0,75 et 0,9 g/kg/j, les apports préconisés chez le sujet âgé pour maintenir la masse et la force musculaire seraient plus élevés (entre 1 et 1,5 g/kg/j). L’activité physique est un autre facteur du mode de vie qui permet de moduler l’inflammation intestinale locale et systémique associée à l’immunosénescence et aux maladies chroniques liées à l’âge. Si l’apport en protéines et l’exercice physique sont des stratégies importantes pour lutter contre la sarcopénie et la fragilité, la fermentation intestinale excessive de protéines non digérées pourrait être néfaste. En effet, des études ont montré que les régimes riches en protéines et pauvres en glucides complexes favorisent la dysbiose intestinale, l’augmentation des pathobiontes (espèces opportunistes normalement sous-dominantes de la flore commensale), des interleukines pro-inflammatoires et la diminution des AGCC (acides gras à chaîne courte).
Les modes de vie occidentaux, avec l’industrialisation de l’alimentation et les pratiques médicales modernes, auraient réduit la diversité du microbiote intestinal. Les personnes âgées pourraient être particulièrement sensibles à ces changements.
Une alimentation adéquate et la pratique régulière d’une activité physique sont ainsi deux facteurs essentiels pour réduire le risque de sarcopénie chez le sujet âgé.
Les auteurs de Comprehensive Gut Microbiota évoquent les stratégies d'intervention en devenir via les pré- et probiotiques.
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