Le lourd fardeau des maladies psychiatriques en France
- Résumé d’article
À retenir
- Le coût des maladies mentales a été estimé à 163 billions d’euros (B€) en 2018.
- Cela inclut les coûts directs médicaux (14% des dépenses totales) et médico-sociaux (8%), ainsi que la perte de productivité (27%) et de qualité de vie (51%).
- Ces coûts ont ainsi subi une augmentation de 50% en 11 ans, par rapport à la précédente évaluation qui avait été réalisée en 2007.
- Selon les auteurs, « des études sont maintenant attendues pour évaluer la façon dont la pandémie de COVID-19 a impacté le fardeau de ces maladies ».
Pourquoi est-ce important ?
En Europe, on estime que 27% de la population générale tous âges confondus sont confrontés à une pathologie psychiatrique à un moment de leur vie. Et le coût global de ces troubles a été évalué à plus de 600 B€, un coût plus important que ceux du diabète et du cancer associés dans le fardeau global des maladies. En France les dernières données globales datant de 2007 avaient estimé les coûts directs et indirects associés aux troubles mentaux à 109 B€. L'unité de recherche clinique en économie de la santé (URC-Eco, AP-HP, Paris), dirigée par la Pr Isabelle Durand-Zaleski, vient de réactualiser ces données en analysant ces coûts en 2018.
Méthodologie
La pandémie de COVID-19 ayant eu un impact important sur la santé mentale, les auteurs ont fait le choix d’analyser les données de 2018 (avant pandémie), afin de ne pas prendre en compte les coûts conjoncturels liés à l’épidémie.
À partir des bases de données publiques, l’analyse a mesuré les coûts directs, médicaux et médico-sociaux, indirects (perte de production et compensation de revenu), ainsi que l’impact sur la qualité de vie (évalué selon le Global Burden of Disease and Injury report de 2018) pour l’ensemble des troubles psychiatriques majeurs, y compris l’autisme et le handicap intellectuel, mais pas ceux liés à la démence.
Principaux résultats
Selon l’Assurance Maladie, les dépenses de santé associées aux maladies mentales étaient de 23,4 B€ en 2018 et représentaient 14% des dépenses globales. Les troubles de l’humeur et les troubles psychotiques étaient les plus coûteux et les deux tiers des dépenses provenaient des hospitalisations.
Les coûts médico-sociaux ont été estimés à 13 B€. L’allocation pour adulte handicapé (AAH) représentait 90% des allocations versées (3,3 B€) et le coût des soins informels près de 5 B€.
En ce qui concerne les dépenses indirectes, la perte de productivité représentait 43,2 B€, dont 35,6 B€ de perte de revenu et 7,6 B€ de compensation de revenus. En termes de qualité de vie, le coût était de 1,8 millions d’années de vie corrigées de l'incapacité (DALY) représentant entre 64,8 et 83 B€.
Au total, l’ensemble des coûts associés aux maladies psychiatriques a pu être estimé à 163 B€ en 2018, soit une augmentation de 50% par rapport à 2007.
Comment expliquer cette augmentation si importante des coûts ?
L’augmentation des coûts de santé directs (+3% chaque année) ne peut être lié à une plus grande prévalence des troubles psychiatriques avant la pandémie de COVID-19, elle s’expliquerait plutôt par une augmentation des dépenses par patient (+3%/an). Cette augmentation n’est par ailleurs pas spécifique aux troubles mentaux puisque l’ensemble des dépenses de santé a progressé de 3,5%/an, soit une progression de +45% sur 11 ans.
Une part de l’augmentation observée est également due à l’intégration des troubles autistiques parmi les troubles mentaux considérés dans l’étude de 2018. L’augmentation de plus de 100% des coûts médicosociaux pourrait en partie s’expliquer par une meilleure notification des dépenses. Enfin, la progression de la perte de productivité est due à la fois à une augmentation de la valeur d’une journée de productivité perdue et du nombre de ces journées.
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