Le lourd bilan des déficits immunitaires héréditaires

  • Alligon M & al.
  • J Allergy Clin Immunol

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon l’analyse des données rétrospectives du Centre National de Référence des Déficits Immunitaires Primaires (CEREDIH) sur la période 2009-2018, les déficits immunitaires héréditaires (DIH) sont graves et complexes, avec des complications non infectieuses particulièrement fréquentes à tous les âges de la vie et menaçant de façon non négligeable le pronostic vital. Certaines pathologies comme l’ataxie-télangiectasie, sont associées à un risque plus important de complications.

Pourquoi est-ce important ?

Les déficits immunitaires héréditaires (DIH) correspondent à un groupe de plus de 430 maladies génétiques, parmi lesquelles l’immunodéficience commune variable, l’ataxie-télangiectasie, le déficit immunitaire combiné ou le syndrome de Wiskott-Aldrich, et dont l'incidence annuelle est estimée à 1 cas pour 3.000. Ils ont généralement un pronostic compliqué, car ils prédisposent aux infections, aux atteintes auto-immunes, aux allergies, et aux syndromes lymphoprolifératifs. La connaissance des mécanismes, de la physiopathologie et de l’histoire naturelle de ces maladies est importante pour mieux adapter les prises en charge. Or, les informations sur les complications non infectieuses chez ces patients sont relativement rares. Il était donc intéressant de disposer d’un suivi à 10 ans d’un large registre national, à savoir celui du CEREDIH créé en 2005 dans le cadre du Plan National Maladies Rares.

Principaux résultats

La cohorte CEREDIH des patients en vie au 1er janvier 2009, et pour lesquels un suivi était disponible était constituée de 1.375 patients (62,5% d’hommes, moyenne 26,9 ans) dont 1.163 patients n’ayant pas reçu de traitement curatif avant cette date (cellules souches hématopoïétiques, thérapie génique, transplantation de thymus). Avant le début du suivi, 37% de ces 1.163 patients ont eu un événement non infectieux - allergie, auto-immunité, inflammation, cancer - au cours de leur vie. Au cours de la période d’analyse de 10 ans, 20,1% ont développé un événement de ce type, soit 277 événements pour 223 patients (0,024/an/patient). Ils étaient ainsi au total 46,6% à avoir eu une complication non infectieuse.

Au total, 2,4% des patients ont développé une allergie, 9,6 % une auto-immunité et 6,2% un cancer. Parallèlement, 14,2% sont décédés sur la période de suivi. Le taux de décès était logiquement plus élevé chez les plus âgés (26,6% des plus de 50 ans), mais il restait relativement important dans les autres groupes (8,8 à 16,8% dans les tranches d’âge inférieures). Par ailleurs, la répartition selon la nature des DIH montrait un taux de mortalité particulièrement élevé pour les patients atteints d’ataxie-télangiectasie (47,9% à 10 ans). Enfin, près de 40% des patients atteints de tumeur maligne sont décédés au cours de la période de 10 ans.

Le fait de développer une tumeur maligne (OR 5,62 [3,66-8,62], p<0,001) et l'auto-immunité (OR 1,90 [1,27-2,84], p=0,002) étaient associés à un sur-risque de décès. En revanche, aucune association significative n'a été observée entre l'allergie et le risque de décès.