Le jeûne intermittent a-t-il un bénéfice supplémentaire sur le risque de diabète par rapport à la restriction calorique seule?

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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A retenir

  • Dans une étude randomisée de 6 mois chez des adultes à risque de diabète de type 2, plusieurs critères sont davantage améliorés lorsque la restriction calorique est conduite au cours d’un jeûne intermittent sur une fenêtre de temps étroite (repas de 8h à midi, jeûne durant 20h, 3 jours par semaine) par rapport à une restriction calorique équivalente sans consignes horaires : amélioration de la tolérance postprandiale au glucose, réduction de l’insuline postprandiale suggérant une amélioration de la sensibilité, réduction de l'activité de la β-hexosaminidase, marqueur exploratoire du métabolisme lipidique et reflet de la fonction hépatique.

  • L’amélioration de l'HbA1c était en revanche équivalente entre les deux groupes, probablement parce qu’elle est influencée par la glycémie postprandiale et la glycémie à jeun.

  • La question de la faisabilité de ce régime reste posée : à l’issue de l’étude, moins de la moitié des participants au programme jeûne intermittent ont indiqué qu'ils poursuivraient le protocole réduit à 2 jours par semaine, contre 97% des participants ayant suivi une restriction calorique simple. « Cependant, le maintien de la perte de poids au 18emois n'était pas différent entre les deux groupes, ce qui suggère qu'aucun des deux régimes n’a été durable hors du soutien des équipes. De futures études devraient examiner si la fenêtre d’alimentation quotidienne plus longue (par exemple de 8 heures à 16 heures) permet de conserver les avantages du jeûne intermittent. »

Pourquoi est-ce important ?

Le jeûne intermittent, défini comme une période de jeûne entrecoupée de jours de consommation alimentaire libre, a gagné en popularité comme alternative à la restriction calorique. Il offrirait des résultats équivalents sur la perte de poids et quelques études ont eu la puissance nécessaire pour comparer la sensibilité à l'insuline des deux approches. Cependant, aucune étude n'a jusqu’à présent conduit des mesures de la glycémie postprandiale, prédictive de l’évolution vers le diabète. Cette étude permet d’apprécier l’intérêt d’une approche restreinte par rapport à une restriction calorique simple sur ces différents paramètres.

Méthodologie

Cette étude contrôlée randomisée ouverte a inclus trois groupes parallèles séquentiels de patients âgés de 35 à 75 ans et qui avaient un risque élevé de développer un diabète de type 2 (score ≥12 sur l’échelle AUSDRISK) sans fluctuations de poids supérieures à 5% durant les 6 mois précédant l’inclusion. Ils ont été randomisés (2:2:1) entre trois groupes : (1) le groupe jeûne intermittent devait réduire de 30% ses besoins énergétiques les jours de jeûne sur une fenêtre de 4 heures (entre 8h et midi), suivie d'un jeûne de 20 heures pendant 3 jours non consécutifs par semaine. Les jours de jeûne, les deux repas étaient assurés par des substituts fournis par les investigateurs afin de s’assurer d’un apport nutritionnel adéquat ; (2) le groupe restriction calorique devait réduire de 30% ses besoins énergétiques et a reçu des substituts de repas. Ils devaient consommer un repas du soir mais n’avaient pas d'instructions spécifiques sur l'horaire des repas. Le groupe de soins standard a reçu une brochure de recommandations nutritionnelles. La phase d'intervention a duré 6 mois. Un dernier suivi a été mené à 12 mois.

Principaux résultats

Au total, l’étude a inclus 209 participants (57% de femmes, 58 ans, 34,8 kg/m²). Après 6 mois, l'amélioration de l'aire sous courbe (ASC) de la glycémie postprandiale par rapport à l’inclusion était supérieure dans le groupe jeûne intermittent par rapport au groupe restriction calorique (-10,10 vs -3,57 mg/dl/min, p=0,03), tandis que l'ASC de l'insuline postprandiale était plus importante pour le premier que pour le second. Aucune différence n'a été observée entre les deux groupes concernant l'hémoglobine glyquée (HbA1c), la glycémie ou l'insuline à jeun.

La perte de poids (-7,38 (-8,11 à -6,64] et -6,98 kg [-7,77 à -6,20] dans les groupes jeûne et restriction calorique vs -2,43 kg [-3,52 à -1,34] dans le groupe contrôle), la perte de masse grasse (respectivement -6,19 [-7,34 à -5,03] et -5,76 kg [-6,87 à -4,66] vs -2,48 [-4,12 à -0,83]) et la réduction du tour de taille (respectivement -6,80 [-8,13 à -5,48] et -6,44 cm [-7,81 à -5,06] vs -1,91 [-3,84, 0,02]) ont été plus importantes dans les deux groupes d’intervention vs groupe contrôle, sans différence entre les deux.

Les effets indésirables étaient généralement légers et se sont résorbés au cours de l'essai : fatigue, étourdissement, constipation, maux de tête. La fatigue a été observée plus fréquemment dans le groupe jeûne intermittent que dans le groupe restriction calorique.