Le gouvernement s'engage à verdir la santé
- Jean-Bernard Gervais
- Actualités professionnelles
La santé abîme la planète : plus de 8% des émissions de gaz à effets de serre sont générées par le système de soins français. Comme tous les secteurs d'activité, la santé doit donc fournir des efforts pour limiter l'impact de ces émissions afin de rester sous la barre des +1,5°C supplémentaires. Outre les gaz à effet de serre, les acteurs de soins doivent aussi maitriser leur incidence sur la biodiversité, les ressources naturelles, l'accès à l'eau douce, la pollution des milieux naturels. Pour ce faire, la première ministre a mis en place fin mai un comité de pilotage de la planification écologique pour le secteur de la santé1, structuré autour de 7 thématiques : bâtiments et maitrise d'ouvrage, achats durables, soins écoresponsables, déchets du secteur, formation et recherche en transformation écologique, mobilités durables, et impact environnemental du numérique.
Urgence à agir
Il y a urgence à agir, tant le secteur sanitaire a pris du retard. En matière d'établissements de santé, seuls 32% des structures ont entrepris des travaux d'efficacité énergétiques. Pour accélérer cette prise de conscience, le gouvernement va débloquer dès cette année 200 millions d'euros dédiés aux investissements d'efficacité énergétique des bâtiments, tandis qu'en 2024, de nouveaux crédits seront débloqués pour la rénovation écologique des bâtiments publics. Autre cible, dans le cadre de ce plan : les achats durables. À ce jour, 44% des structures mènent des actions en faveur d'achats durables ; la marge de progrès est donc considérable.
Repas végétariens
À cette fin, il est notamment question de déployer l'expérimentation "lundis verts", soit des repas végétariens pour tous les professionnels de santé et les usagers une fois par semaine. "La réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre) générée par le déploiement de ce dispositif dans chaque ménage français serait à peu près équivalente à celles de tous les vols domestiques en France", indique le gouvernement. Pour rappel, les élevages intensifs, notamment les élevages de bovidés, sont de grands émetteurs de gaz à effet de serre. Manger moins de viande contribue donc à diminuer ces émissions.
Les soins éco-responsables sont également un axe important de cette feuille de routes écologique : 53% des établissements de santé ne mènent aucune action pour limiter l'impact environnemental des produits dangereux. L'objectif en la matière est de réduire d'ici 2025 l'usage des gaz anesthésiants à fort effet de serre, remplacés notamment par le sévoflurane, sauf cas clinique exceptionnel, et d'interdire la construction des réseaux de protoxyde d'azote. Il est aussi envisagé de réduire d'ici 2025 l'usage des inhalateurs à gaz à fort effet de serre, et de retraiter les dispositifs médicaux à usage unique. D'ores et déjà, des travaux ont été engagés pour encourager la dispensation de médicaments à l'unité, et sensibiliser à un usage plus modéré du formol/formaldéhyde.
Gestion des excrétas
Pour réduire et valoriser les déchets, le ministère formule, là aussi, plusieurs préconisations, comme les alternatives non médicamenteuses, la réutilisation des emballages des DASRI (déchets d'activités de soins à risques infectieux et assimilés), le développement de solutions pour la gestion des "excrétas des patients traités par des cytotoxiques"...
Formation
Mais aucune transformation n'est possible sans formation : dans le domaine, les autorités publiques envisagent de former d'ici 2025, 6.500 professionnels de la fonction publique hospitalière (directeurs d'établissements, directeurs de soin, présidents de commissions médicales d'établissement...) à la transition écologique, intégrer en première année commune d'étude de santé un module sur la transition écologique, déployer dans les établissements de santé des ateliers dévolus à cette thématique.
Transports
Les transports et les mobilités douces font l'objet d'une thématique de cette feuille de route écologique : il s'agit d'inciter à l'achat de vélos de service, de recourir au carburant biogaz, de développer le covoiturage...
Écoconception
Les autorités de tutelle rappellent aussi que les systèmes numériques représentent 4% des émissions mondiales d'équivalents CO2. À ce titre, elles incitent les acteurs de santé à lutter contre l'obsolescence en arrêtant de renouveler le matériel encore fonctionnel, en promouvant l'écoconception, qui privilégie des manières de coder moins énergivores, en désinstallant les logiciels non utilisés, en achetant des ordinateurs modulables, dont les pièces peuvent être renouvelés. À titre d'exemple, le ministère cite l'exemple du Centre Hospitalier Universitaire de Toulouse dont l'excès de chaleur du datacenter est recyclé pour chauffer d'autres bâtiments.
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