Le gouvernement « multiplie les erreurs », selon le président de la caisse de retraite des médecins

  • Jean-Bernard Gervais
  • Actualités professionnelles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À 75 ans, la Caisse autonome de retraites des médecins français (Carmf) se porte plutôt bien. Pour fêter cet anniversaire, elle organisait le 15 septembre dernier un colloque 1, suivi le 16 septembre par son assemblée générale annuelle. Laquelle assemblée a pu examiner et approuver le rapport du directeur pour l’année 2022. Par rapport à l’année 2021, l’année 2022 a connu des résultats en baisse « du fait de la forte baisse des marchés financiers en 2022 consécutive à la guerre en Ukraine et à ses effets sur les approvisionnements en énergie ». Conséquence : le résultat global des trois régimes (régime de base, complémentaire, et la surcomplémentaire Assurances supplémentaires de vieillesse – ASV) est négatif à -345 millions d’euros. Quoi qu’il en soit, les réserves de la Carmf ont permis de colmater, pour cette année, ce résultat négatif. 

Nombre de médecins cotisants en augmentation

Si les résultats sont négatifs, en revanche le nombre de médecins cotisants augmente légèrement, passant de 124.442 cotisants à 125.272 cotisants en 2022, soit +0,67%. Parmi les nouveaux inscrits à la Carmf entre le 1er juillet 2021 et le 30 juin 2022, 4.038 sont des femmes, soit 52,98% des effectifs. « Elles représentent au 1er juillet 2022, 42,51% des effectifs des médecins cotisants ; ce taux se fixait à 25,52% en 1997 », ajoute la Carmf. L’âge moyen des cotisant rajeunit, puisqu’il passe de 53,77 ans en 2006 à 51,76 ans en 2022. 

Augmentation des retraités de +4,3%

Entre le 1er juillet 2021 et le 30 juin 2022, 5.646 médecins ont pris leur retraite, ce qui porte à 85.326 le nombre de médecins retraités, en augmentation de +4,37% en un an. Les médecins prennent leur retraite en moyenne à 66,19 ans, ce qui les rend totalement imperméables à la principale mesure de la réforme des retraites, à savoir le report de deux ans de l’âge légal de départ à la retraite, soit 62 ans. Néanmoins, jusqu’à présent, les médecins pouvaient liquider leur régime de base à 60 ans. « Nous aimerions que cela reste effectif, quitte à appliquer une décote », a commenté le Dr Thierry Lardenois, président de la Carmf. L’âge moyen des médecins retraités est de 74,05 ans, et l’âge moyen de leur décès est de 83,94 ans. 

Stagnation des médecins en cumul emploi/retraite

Le nombre de médecins en cumul emploi retraite a tendance à stagner depuis 2020 : ils étaient 12.598 en 2020, contre 12.597 en 2022. L’âge moyen de ces retraités en activité est de 71,75 ans. Le nombre de médecins en incapacité temporaire a eu tendance à augmenter en un an, de +3,82%, et s’établit à 1.630 médecins. Le nombre de médecins en invalidité totale baisse de 9,01%, et concerne 293 médecins en 2022. « En matière d’assurance incapacité temporaire (indemnités journalières), les causes les plus fréquentes de l’indemnisation des arrêts de travail sont les affections cancéreuses (27,09%), psychiatriques (26,25%), traumatiques (11,05%) et rhumatismales (8,95%) », relève la Carmf. « En matière d’assurance invalidité, ce sont les affections psychiatriques (47,44%), neurologiques (19,60%), cancéreuses (9,94%), rhumatismales (7,95%) et traumatiques (5,40%) », ajoute-t-elle. 

Vers une sortie du « papy boom »

Pour ce qui est des effectifs présents, la Carmf tire un bilan positif : « On considère pour le moment qu’il y a une amélioration de l’effectif, 6.000 affiliations environ pour 6.000 radiations, dont des départs à la retraite. Nous sommes en train de sortir du “papy boom”. » Mais pour le proche avenir, le Dr Lardenois, qui entame son dernier mandat, est pessimiste. « Je n’ai pas peur que les médecins se déconventionnent, mais plutôt se désengagent de la médecine générale ». Pour lui, la faute revient au gouvernement : « Le gouvernement multiplie les erreurs : il refuse d’augmenter les honoraires des médecins et dans le même temps procède à des transferts de tâches massif des médecins vers les paramédicaux. Les jeunes générations se questionnent sur leur avenir, alors que l’on était sur une dynamique positive. Nous sommes sur une phase interrogative... Selon le Cnom, 20% des médecins abandonnent la médecine. » Le Dr Lardenois pointe aussi du doigt les collectivités territoriales qui mettent en péril l’exercice libéral en salariant les médecins. « Dans le monde de la santé de demain le médecin sera-t-il encore le pivot du système de santé ? », s’agace le Dr Lardenois.