Le « gaz hilarant » n’est pas toujours drôle
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Le protoxyde d’azote est un gaz utilisé en médecine pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques, mais aussi dans les aérosols alimentaires. En vente libre dans les supermarchés et surtout sur internet, il fait l’objet d’usages détournés pour ses effets psychotropes (euphorie, désinhibition, etc), à l’origine de son surnom de « gaz hilarant ». Ces pratiques sont en augmentation depuis 2017 (selon le dispositif Tendances récentes et nouvelles drogues de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies) et de moins en moins cantonnées à l’espace privé, mais visibles dans l’espace public. De plus, les consommations répétées, voire quotidiennes, au long cours et en grande quantité, augmentent.
Ces tendances s’accompagnent d’un accroissement du nombre de signalements d’effets sanitaires graves : atteintes de la moëlle épinière et du système nerveux central, carences en vitamine B12, anémie, troubles psychiques. Depuis janvier 2019, le réseau d’addictovigilance a reçu 25 signalements d’effets sanitaires sévères, dont dix graves, avec des séquelles pour certains. La plupart des cas déclarés concernaient des hommes âgés de 18 à 34 ans. Huit étaient originaires de la région Hauts-de-France.
Les autorités sanitaires alertent sur les dangers de ces usages détournés, majorés par la consommation d’autres drogues, dont l’alcool. Les risques peuvent être immédiats : asphyxie par manque d’oxygène, brûlure par le froid du gaz expulsé de la cartouche (mode d’utilisation formellement déconseillé), perte de connaissance, perte du réflexe tussif, avec risque de fausse route, désorientation, vertiges, risque de chute.
La Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) rappelle que les professionnels doivent déclarer tout cas grave d’abus, de dépendance et d’usage détourné sur le site signalement-sante.fr. Pour toute information complémentaire, ils peuvent se rapprocher du Centre d’addictovigilance de leur secteur géographique.
Une expertise est actuellement menée pour déterminer les actions qui pourraient être mises en œuvre, au niveau national comme au niveau européen, pour limiter l’usage détourné de ces produits. La possibilité de limiter les ventes en termes de volumes ou de classements spécifiques pouvant permettre d’encadrer l’accessibilité de ces produits est notamment à l’étude.
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