Le double visage des opioïdes
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Amélioration de la prise en charge de la douleur
En 2015, presque dix millions de Français (9.966.944, soit 17,1% de la population) ont reçu un antalgique opioïde sur prescription médicale. Le plus consommé est le tramadol. Il est passé de 7,51 à 11,2 DDJ/1.000 habitants/jour, soit une augmentation de 68% entre 2006 et 2017 (DDJ : dose définie journalière). Il est suivi par la codéine en association, la poudre d’opium associée au paracétamol, puis par la morphine, l’oxycodone, le fentanyl transdermique et transmuqueux à action rapide.
Entre 2006 et 2017, les prescriptions d’opioïdes forts ont augmenté d’environ 150%, alors que celles des opioïdes faibles est restée relativement stable. La plus forte augmentation de consommation a été celle de l’oxycodone, qui est passée de 0,1 à 1 DDJ/1.000 hab/j, soit + 738% entre 2006 et 2017, proche de celle du sulfate de morphine, l’opioïde fort le plus consommé. Le retrait du marché du dextropropoxyphène en 2011 a été suivi d’une augmentation de la consommation des autres opioïdes faibles, en particulier le tramadol.
Les premiers prescripteurs sont les généralistes (86,3% des opioïdes faibles et 88,7% des opioïdes forts), qui sont les initiateurs du traitement dans 59,1% des cas pour les opioïdes faibles et 62,9% pour les opioïdes forts. Ils sont suivis par les dentistes, les rhumatologues et les chirurgiens orthopédistes. L’initiation du traitement est faite par un hospitalier pour 20,1% des opioïdes faibles et 21% des opioïdes forts.
Pour l’ANSM, ces chiffres sont un indicateur d’amélioration de prise en charge de la douleur, sachant que les antalgiques les plus consommés en 2017 sont non-opioïdes (78% : paracétamol, aspirine, anti-inflammatoires non stéroïdiens), suivis par les opioïdes faibles (20%) et les opioïdes forts (2%).
Augmentation du nombre d’effets indésirables dus aux opioïdes
Cependant, entre 2000 et 2017, le nombre d’hospitalisations liées à la consommation d’opioïdes obtenus sur prescription médicale a augmenté de 15 à 40 hospitalisations pour un million d’habitants. Le taux de notifications d’intoxication aux opioïdes est passé de 44/10.000 à 87/10.000 de l’ensemble des notifications entre 2005 et 2016. Les trois substances les plus impliquées étaient le tramadol, la morphine et l’oxycodone.
Le nombre de décès liés à la consommation d’opioïdes a augmenté de 1,3 à 3,2 décès pour un million d’habitants entre 2000 et 2015, avec au moins 4 décès par semaine.
La part des usages problématiques des opioïdes a plus que doublé (part rapportée au réseau d’addictovigilance), le tramadol étant le premier impliqué.
Pour l’ANSM, la situation est encore loin d’être celle qui sévit aux États-Unis, grâce aux modalités de prise en charge et de surveillance par les prescripteurs et à l’accès contrôlé à ces médicaments. L’agence invite cependant les médecins à la plus grande vigilance : information des patients sur le traitement et son arrêt, surveillance des risques, même si l’ordonnance a été établie dans le respect de l’autorisation de mise sur le marché.
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