Le diagnostic de l’obstruction bronchique est encore insuffisant en France

  • Delmas MC & al.
  • BMC Pulm Med

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • Seuls 36% des adultes français ayant une obstruction bronchique bénéficieraient d’un diagnostic approprié, selon les données issues de plusieurs milliers de participants de la cohorte CONSTANCES. Cette cohorte regroupe des adultes représentatifs de la population française et ayant consulté les Centres d'examens de santé (CES) de la Sécurité sociale.

  • Les sujets asymptomatiques ont plus de risque d’échapper au diagnostic que les autres.

 

Les maladies obstructives chroniques respiratoires (asthme, BPCO, emphysème...) restent parfois non diagnostiquées chez l’adulte. Différentes études en population évaluent cette absence de diagnostic entre 20 et 70% de ceux ayant un asthme et jusqu’à 80% de ceux touchés par une BPCO. Afin d’évaluer plus précisément le sous-diagnostic de la BPCO en France, les investigateurs de la cohorte CONSTANCES ont conduit une analyse à partir des données recueillies auprès des participants de 18 à 69 ans à l’occasion de la visite médicale dont ils ont bénéficié en 2013-2014.

Méthodologie

Les participants de la cohorte CONSTANCES avaient été invités à préciser leur historique médical, notamment les pathologies respiratoires en remplissant des questionnaires à l’inclusion. Ils bénéficiaient d’une consultation médicale tous les 5 ans et devaient répondre périodiquement à un certain nombre de questionnaires sur leur santé.

L’obstruction bronchique était diagnostiquée à partir d’un test fonctionnel respiratoire réalisé lors de l’examen médical : les valeurs seuils utilisées étaient d’une part le VEMS/CVF inférieur à 0,70 et d’autre part les valeurs inférieures des limites normales (LIN) adaptées à l’âge de la personne (selon les références GLI), la sévérité étant fixée selon les critères GOLD (modérée, sévère ou très sévère lorsque le VEMS était de 50-80%, 30-50% ou inférieur à 30% de la valeur prédite).

Principaux résultats

Parmi les 34.238 patients ayant participé à l’évaluation en 2013-2014, les données de 19.398 patients pour lesquels les données de spirométrie étaient disponibles ont été analysées : au total, 765 patients présentaient une obstruction bronchique selon la valeur de VEMS/CVF inférieur aux LIN, soit une prévalence de 4,6%, 5,0% chez les hommes et 4,0% chez les femmes. Cette même analyse, menée à partir d’un seuil fixe de VEMS/CVF inférieur à 0,70 conduisait à une prévalence de 5,0% (respectivement 6,6% et 3,5% chez les hommes et les femmes respectivement). Parmi ces patients, 64,4% n’avaient jamais reçu un diagnostic d’obstruction bronchique au préalable, sans distinction de sexe. Par ailleurs, 60,3% de ceux qui avaient une obstruction bronchique non diagnostiquée n’avaient pas de symptômes respiratoires, alors qu’ils n’étaient respectivement que 27,4% et 20,3% parmi les patients diagnostiqués comme asthmatiques ou BPCO à être asymptomatiques.

Après ajustement sur le profil sociodémographique, le tabagisme, les symptômes respiratoires et les antécédents cardiovasculaires, le fait d’avoir un historique de tabagisme (en cours ou ancien) d’au moins 10 paquets-années et de ne pas avoir de symptômes respiratoires constituait un facteur de risque de ne pas voir son obstruction bronchique diagnostiquée.