Le dépistage prénatal pourrait-il également servir de dépistage des risques cardiovasculaires ?

  • Ray JG & al.
  • BMJ

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir 

Les résultats de cette étude, publiés dans le BMJ, montrent que la présence d’anomalies biologiques lors du dépistage prénatal, et plus particulièrement un taux élevé en inhibine dimérique A, pourrait être associée à un risque plus élevé de développer une maladie cardiovasculaire précoce. Si ces données sont confirmées par d’autres études, les dépistages prénataux pourraient permettre une prise en charge précoce des maladies cardiovasculaires chez certaines femmes.

Pourquoi est-ce important ?

La présence d’anomalies vasculaires placentaires, notamment la pré-éclampsie durant la grossesse semble prédire la santé cardiovasculaire des femmes dans les années qui suivent, y compris l’apparition prématurée (avant l’âge de 65 ans) d’une coronaropathie, d’une insuffisance cardiaque, d’arythmies et/ou du décès après revascularisation coronarienne. Certaines recommandations internationales pour la prévention de l’AVC et des maladies cardiovasculaires préconisent le dépistage des facteurs de risque chez les femmes qui ont eu un syndrome placentaire telle qu’une pré-éclampsie. Or, aucune étude n’avait jusqu’à celle-ci évalué le risque de maladie cardiovasculaire chez la femme en fonction des résultats biochimiques des examens prénataux. La mise en évidence d’associations entre ces derniers et la survenue ultérieure de maladies cardiovasculaires pourrait engager des mesures préventives importantes.

Méthodologie

Étude ayant porté sur des femmes sans maladie cardiovasculaire préalable qui devaient subir un dépistage prénatal entre 1993 et 2011. Le critère principal d’évaluation était l’admission hospitalière ou la revascularisation coronarienne, cérébrovasculaire ou liée à une maladie artérielle périphérique ou l’admission hospitalière pour insuffisance cardiaque ou trouble du rythme au moins 365 jours après la grossesse.

L’évaluation a porté sur l’exposition à de faibles taux (≤5centile de la valeur médiane) de gonadotrophine chorionique, d’œstriol non conjugué, à la présence de protéine plasmatique A durant la grossesse et à des taux élevés (≥95centile de la valeur médiane) d’alpha-fœtoprotéine et d’inhibine dimérique A.

Principaux résultats

Parmi les 855.536 grossesses suivies sur une durée moyenne de 11,4 ans, 6.209 femmes ont été admises à l’hôpital pour l’un des paramètres constituant le critère composite principal d’évaluation.

Des taux anormaux de chacun des cinq paramètres biologiques, et tout particulièrement en inhibine dimérique A, étaient associées à un risque accru de maladie cardiovasculaire.

Les femmes qui avaient des concentrations en inhibine dimérique A supérieures ou égales à 95 centiles avaient un risque plus élevé de maladie cardiovasculaire (8,3/10.000 vs 3,8/10.000 personnes-années pour celles dont les taux étaient inférieurs, soit un hazard ratio ajusté de 2,0 [1,4-3,0]).

En comparaison avec les femmes qui n’avaient pas de mesures anormales des paramètres biologiques recherchés, le hazard ratio pour la survenue du critère composite cardiovasculaire prédéfini était 1,2 à 1,3 fois supérieur lorsqu’un seul dosage était anormal et augmentait jusqu’à 1,5 à 2,0 fois lorsque deux anomalies ou plus étaient mises en évidence.

Principales limitations

Environ 10% des informations liées à la grossesse étaient manquantes et le statut ménopausique des femmes suivies n’était pas connu.