Le déclin de pression artérielle à un âge avancé, biomarqueur de la démence ?

  • Lee ATC & al.
  • Sci Rep

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’articles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • Une importante étude longitudinale chinoise qui s’est penchée sur la trajectoire de pression artérielle (PA) et des capacités cognitives de plus de 15.000 personnes âgées suggère que l’évolution tardive à la baisse de la trajectoire de PA pourrait constituer un biomarqueur prédictif de démence à court terme. Ils montrent que le tassement de l’augmentation de la PAS systolique est associé à un sur-risque de démence à 6 ans.

  • Aussi les auteurs de ce travail, paru dans Scientific Reports, suggèrent à la fois que les praticiens soient attentifs à l’évolution longitudinale de la PA chez les sujets âgés, mais aussi qu’ils n’intensifient le contrôle de la PA que prudemment, puisqu’une baisse trop importante pourrait favoriser l'hypotension et donc l’évolution vers la démence.

Pourquoi est-ce important ?

Les liens entre PA et démence sont complexes : pour l’heure, les données disponibles suggèrent que l'hypertension artérielle (HTA) augmente le risque de démence et qu'une baisse intensive de la PA réduit modestement le risque de déclin cognitif. Par ailleurs, l'hypotension et la variabilité de la PA constituent aussi des facteurs favorisants.

L'association entre les trajectoires de PA chez le sujet âgé et le risque de démence n’a pas été étudiée précisément. Or, on sait que les PA systolique et diastolique (PAS et PAD) augmentent simultanément durant la vie adulte puis prennent des trajectoires distinctes chez le sujet âgé (augmentation de la PAS, stabilisation puis baisse de la PAD). Et que chez les sujets atteints de démence, la PAS et la PAD diminuent avec le temps.

Aussi cette étude visait à évaluer le risque de développer une démence à 6 ans dans une population de sujets de plus de 65 ans sans comorbidités cognitives ou neurologiques en fonction de la trajectoire de la PA, en intégrant l’ensemble des paramètres potentiels de confusion : sociodémographiques (âge, sexe, niveau d'éducation, statut socio-économique), tensionnels (HTA, hypotension, variabilité de la PA), médicaux (diabète, hypercholestérolémie, obésité, maladies cardiaques, dépression), hygiène de vie (exercice physique, activités intellectuelles et sociales, alimentation, tabagisme et consommation d'alcool).

Principaux résultats

La population incluse (n=16.591 sujets de 65 ans ou plus, sans démence et non institutionnalisés) avait un âge moyen de 74 ans et un score cognitif (MMSE) moyen de 26,2 à l’inclusion. L’évolution de la PA a été analysée sur les 3 premières années post-inclusion, et l’incidence d’une démence recherchée sur les 3 années suivantes. Ceux qui avaient développé une démence dans les 3 premières années ont été exclus afin de minimiser le risque de causalité inverse. Selon l’analyse des 72.997 années-personnes de suivi, 1.429 sujets ont développé une démence 6 ans après l’inclusion.

Une baisse plus rapide de la PAS au cours des trois premières années de suivi dans le groupe atteint de démence à 6 ans, versus le groupe contrôle, a été observée, tandis que la PAD suivait une évolution comparable dans les deux groupes. Une augmentation de PAS sur 3 ans inférieure à 10 mmHg ou inférieure à 10% au cours des 3 premières années était associée à un risque plus élevé d’avoir un diagnostic de démence entre la 4e et la 6e année (OR ajusté 1,22 [1,02-1,45] et 1,24, [1,03-1,50] respectivement, p significatifs).

En revanche, certaines associations existant entre les variables tensionnelles et la démence à l’issue du suivi disparaissaient une fois ajustées sur les facteurs de confusion : c’est notamment le cas de l’existence d’une PAS élevée et d’une PAD basse, d’une HTA diastolique ou systolique, d’une hypotension ou de la variabilité de la PA.