Le danger du budésonide inhalé chez les grands prématurés

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’articles
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À retenir

Les résultats d’un large essai clinique international conduit chez des grands prématurés montrent que le taux d’altération neuro-développementale à 2 ans ne serait pas différent avec ou sans traitement précoce par budésonide en prévention d’une dysplasie bronchopulmonaire. En revanche, le taux de mortalité serait plus élevé chez ceux qui recevaient du budésonide.

Pourquoi est-ce important ?

La dysplasie bronchopulmonaire est l’une des complications chroniques les plus communes de la grande prématurité. Celle-ci est associée à un taux de mortalité plus important, et à un risque accru d’atteinte cardiovasculaire et respiratoire chronique, de troubles de la croissance et de retard de développement neurologique. Des données de la littérature suggéraient que l’administration intraveineuse ou orale de glucocorticoïdes dans les sept premiers jours de vie pour prévenir la survenue d’une maladie chronique pulmonaire pouvait compromettre le développement cérébral et augmenter le risque de paralysie cérébrale. Mais peu de données étaient disponibles sur l’efficacité au long terme de l’utilisation de glucocorticoïdes sous forme inhalée en situation de grande prématurité. Dans l’étude présentée, au moment de l’évaluation du critère principal de jugement, le groupe sous budésonide a été associé à une augmentation non significative de la mortalité, incitant les auteurs à mieux explorer ce critère non identifié à travers la littérature pour cette voie d’administration. Les résultats obtenus ont conduit à l’arrêt de l’essai.

Principaux résultats

  • Les données de suivi étaient disponibles pour 629 enfants. Parmi eux, 148 (48,1%) des 308 sous budésonide ont eu une altération neuro-développementale versus 165 (51,4%) des 321 assignés au placebo, soit un risque relatif ajusté à l’âge gestationnel de 0,93 [0,80-1,09], p=0,40.
  • Aucune différence significative n’a été notée entre les groupes pour chacune des composantes du critère d’évaluation pré-spécifié.
  • Le nombre de décès était plus important dans le groupe budésonide que dans le groupe placebo, concernant respectivement 82 (19,9%) des 413 enfants vs 58 (14,5%) des 400 enfants dont le statut vital était disponible (risque relatif 1,37 [1,01-1,86], p=0,04).

Méthodologie

  • Au total, 863 enfants (âge gestationnel entre 23 semaines et 0 jour et 27 semaines et 6 jours) ont reçu de manière précoce (dans les 24 heures après l’accouchement) du budésonide inhalé ou un placebo. Le budésonide était administré à raison de 2 pulvérisations toutes les 12 heures les 14 premiers jours de vie et 1 pulvérisation toutes les 12 heures à partir du 15e jour jusqu’à ce que l’enfant n’ait plus besoin de supplémentation par oxygénothérapie ou qu’il ait atteint l’âge de 32 semaines (en statut ventilatoire), 200µg/pulvérisation.
  • L’ensemble des évènements indésirables ont été notifiés durant la première période de séjour de l’enfant à l’hôpital. Le critère secondaire pré-spécifié d’analyse était l’altération neuro-développementale parmi les survivants, définie par un critère composite de paralysie cérébrale, de retard cognitif (score d’Index de Développement Mental <85 sur l’échelle de Bayley de développement infantile), de surdité ou de cécité à un âge corrigé de 18 à 22 mois.

Principales limitations

  • Le risque de décès sous budésonide n’a pas été anticipé par les cliniciens, ce qui explique qu’il n’ait pas été inclus dans le critère composite d’évaluation. Les résultats identifiés de risque accru de mortalité sous budésonide ont conduit à l’arrêt de l’essai.

Financement

  • Union Européenne et Laboratoire Chiesi.