Le déclenchement de l'accouchement peut-il impacter plus tard les performances scolaires de l'enfant ?

L’obstétricienne Renee Burger de l’Université d’Amsterdam a déclaré à Univadis que le déclenchement du travail ayant pour but de réduire les risques à court terme pour la mère ou l’enfant l’emporte sur les faibles effets négatifs potentiels à long terme. Cependant, il n’existe aucun bénéfice prouvé à déclencher le travail dans le cas des grossesses non compliquées n’ayant pas encore atteint la barre des 41 semaines de grossesse. Dans ces cas, le déclenchement précoce doit être utilisé avec prudence. « Dans ces circonstances, nous pensons que les femmes doivent être informées des avantages et des inconvénients, à court et à long terme, du déclenchement du travail. D’après nos résultats, cela pourrait inclure la légère baisse supposée des performances scolaires en cas de prématurité relative du fait d’un déclenchement du travail, tout en gardant à l’esprit que les effets sont bien sûr subtils pour l’enfant », a-t-elle déclaré.

Consciente de la nature rétrospective de l’étude, le Dr Burger a déclaré : « Nos résultats n’impliquent pas nécessairement un lien de causalité. Il serait utile d’étudier les résultats à long terme des études randomisées sur le moment de la naissance qui ont été menées au cours des deux dernières décennies, notamment l’essai ARRIVE. » L’essai ARRIVE n’a pas mis en évidence de différence significative au niveau des résultats périnataux indésirables avec un déclenchement du travail à 39 semaines chez les femmes nullipares à faible risque, comparativement à la prise en charge consistant à attendre un déclenchement naturel du travail.

Ces résultats ont des implications sur la politique et la pratique des soins de santé. Les taux de déclenchement du travail ont augmenté dans le monde au cours des dernières décennies, et des études récentes indiquent qu’une nouvelle augmentation est attendue, suite à l’essai ARRIVE. Une étude antérieure a rapporté que le déclenchement du travail représente entre 6,8% et 33% des interventions obstétricales en Europe. 

Selon Mme Burger, bien que les impacts potentiels sur l’enfant puissent être minimes, l’impact global sur la société pourrait être important. « Par exemple, dans notre étude, nous constatons une réduction relative d’environ 10% des chances d’atteindre un niveau d’enseignement secondaire supérieur chez les enfants nés après un déclenchement du travail », a déclaré Mme Burger. 

Les chercheurs ont émis l’hypothèse selon laquelle la maturation et le développement du cerveau in utero, qui se poursuivent bien au-delà des seuils arbitraires de prématurité, pourraient être à l’origine de l’association entre déclenchement du travail et performances scolaires. 

« Actuellement, la recherche en obstétrique se concentre principalement sur les résultats à court terme pour la mère et l’enfant. Cela est principalement dû au fait qu’il est difficile, long et coûteux d’étudier les résultats à long terme », a déclaré Mme Burger. 

Les résultats soulignent l’importance d’étudier les résultats à long terme des complications et des interventions obstétricales, afin d’apprécier pleinement les impacts potentiels de la grossesse sur le développement et la santé des enfants.