Le COVID long est-il réellement lié à l’infection par le SARS-CoV-2 ?

  • Matta J & al.
  • JAMA Intern Med

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une étude de cohorte en population française a caractérisé les symptômes de COVID long sur un large échantillon et en condition de vie réelle.
  • Ses résultats suggèrent que les symptômes persistants post-infection COVID-19 seraient davantage associés au fait de croire avoir été infecté par le SARS-CoV-2, qu’à une confirmation sérologique de l’infection.
  • Seule l’anosmie persistante a pu être associée à une infection confirmée, ce qui ne nie en rien la réalité des autres symptômes. Mais d’autres causes doivent sans doute être recherchées.

 

Nombreux sont les patients qui se plaignent de symptômes persistants après avoir contracté le COVID-19, qu’ils aient ou non été hospitalisés. Des symptômes qui peuvent avoir parfois de fortes répercussions dans la vie quotidienne. Les mécanismes physiopathologiques de ces Covid longs ne sont pas encore bien élucidés. Mais une étude parue dans le JAMA Internal Medicine vient jeter le doute sur l’existence d’un lien direct entre ces symptômes et l’infection par le SARS-CoV-2.

Méthodologie

Cette étude transversale a comparé les associations entre le fait de croire avoir été infecté par le virus ou d’avoir réellement été infecté par le SARS-CoV-2 (confirmation sérologique), et l’existence de symptômes persistants. Des sujets volontaires issus de la cohorte CONSTANCES, la plus grande cohorte épidémiologique française, ont été invités à prendre part à l’étude entre décembre 2020 et janvier 2021 et à répondre à des questionnaires demandant si les participants pensaient avoir été infectés par le SARS-CoV-2 depuis mars 2020, et dans l’affirmative, si le diagnostic avait été confirmé. La présence d’IgG anti-SARS-CoV-2 était recherchée dans leur sérum. Les participants étaient ensuite interrogés sur la présence de symptômes physiques qu’ils n’avaient jamais expérimentés auparavant au cours des 4 dernières semaines et existant depuis au moins 8 semaines. Ils avaient déjà connaissance de leurs résultats sérologiques lorsqu’ils répondaient au questionnaire.

 

Résultats

  • Sur les quelque 35.800 volontaires invités à participer, 26.823 sujets disposant de données complètes ont pu être inclus dans l’analyse (âge moyen 49 ans, 51% de femmes). Les symptômes persistants se sont révélés fréquents dans cette population, la prévalence variant de 0,5% pour l’anosmie à 10,2% pour les troubles du sommeil. Les tests sérologiques se sont révélés positifs chez 1.091 participants.
  • Après ajustement sur les différents facteurs confondants, le fait de penser avoir été infecté était associé à un risque plus élevé d’avoir des symptômes persistants, avec des odds ratio allant de 1,39 [1,03-1,86] à 16,37 [10,21-26,24].
  • Mais les infections confirmées par un test sérologique positif étaient uniquement associées à l’anosmie persistante 2,72 [1,66-4,46], même lorsque l’analyse n’était conduite que sur les patients qui pensaient avoir eu le COVID-19, et qui attribuaient leurs symptômes à l’infection par le SARS-CoV-2.
  • Ces résultats étaient confirmés après ajustement sur différents facteurs confondants comme la santé auto-rapportée ou l’existence de symptômes dépressifs.

Limites

  • Biais de sélection limitant la représentativité de l’échantillon.
  • Le fait qu’une part non négligeable de la population (10%) ne développent pas d’anticorps est une possibilité qui n’a pas été envisagée.
  • Les tests sérologiques ne sont pas spécifiques à 100%.