Le COVID-19 long, reflet d'un manque d'ouverture d'esprit chez certains médecins ?

  • Dr Claude Leroy

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales de MediQuality
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BRUXELLES 28/09 - Au début de la pandémie, l'impression était que la maladie ressemblait peu ou prou à une grippe sévère : soit on en guérissait sans trop de problèmes, soit on en mourait en salle de réanimation. Assez rapidement, l'observation de certains cas de guérison a cependant montré que des séquelles pulmonaires étaient à craindre.

En témoignent, les images peu rassurantes de scanners pulmonaires et les échos de lenteurs dans la récupération fonctionnelle. La description des signes et des complications potentiellement associées à l'infection s'est ensuite étendue notamment à l'anosmie transitoire, aux diarrhées et à des manifestations cutanées évocatrices de troubles de la coagulation ou à de possibles perturbations de type auto-immunitaire.

Par ailleurs, des doutes ont également émergé au sujet de la durabilité de l'immunité acquise au cours de l'infection. La focalisation est cependant restée en grande partie dirigée vers la contamination ainsi que le nombre de nouveaux cas et de décès supplémentaires. Enfin, et alors qu'on espère toujours l'arrivée prochaine d'un vaccin efficace, l'attention se porte également sur les COVID-19 qui durent, et dont l'OMS a (enfin) admis l'existence il y a un mois. Pourquoi un tel retard, et comment l'expliquer ?

C.D., une Belge active et âgée d'une quarantaine d'années, a été frappée par le virus vers la mi-mars. Les premiers symptômes étaient classiques : fièvre, asthénie, céphalées puis douleurs thoraciques intenses avec sentiment d'oppression, anosmie… Le diagnostic de COVID-19 a été rapidement posé, et la patiente est entrée dans une quatorzaine difficile au domicile. S'en est suivie une courte période d'amélioration puis une forte rechute.

Les consignes officielles de quasi confinement des médecins l'ont privées d'un suivi adéquat, il ne se trouvait guère de confrères pour croire qu'elle était fortement dyspnéique ("Au téléphone, vous ne paraissez pas essoufflée, madame, donc vous ne risquez pas de mourir") et il a fallu attendre début juin avant de pouvoir consulter une pneumologue qui a objectivé un syndrome obstructif majeur, avec un VEMS ayant dégringolé à environ 45% de la valeur prédite.

L'impression de ne pas avoir été correctement écoutée s'installait, de pair avec l'aggravation symptomatologique progressive. Une péricardite a été identifiée plus tard par un cardiologue. L'amélioration pneumologique a débuté après la prescription de corticoïdes en aérosol. Une autre plainte mal comprise portait sur des douleurs du membre inférieur droit. Un effort de Valsalva a entraîné une perte de la sensibilité englobant le membre et, surtout, une paralysie du pied.

L'hospitalisation d'une dizaine de jours qui a directement suivi a donné l'occasion de réaliser de nombreux examens (multiples scanners et IRM, EMG, potentiels évoqués…), les médecins rejetant a priori l'idée d'un problème lié au COVID-19. Après la sortie de l'hôpital et trois séances d'électrothérapie, un début de flexion dorsale du pied a pu être obtenu, et une progression lente peut désormais être espérée. Quant à la péricardite, six mois déjà après le début de l'infection, elle n'est pas encore résolue et une IRM cardiaque est programmée pour tenter d'y voir plus clair. Enfin, le VEMS s'est normalisé, mais l'asthénie n'appartient pas encore au passé et impose de longues siestes en après-midi.

Ce que déplore particulièrement cette patiente, c'est le manque de véritable écoute qu'elle a ressenti de la part de certains médecins, un neurologue refusant même certains examens en faisant ouvertement mine de prendre ses plaintes pour impossibles. La patiente s'étonne aussi d'un manque de communication entre les nombreux médecins que compte le pays : "Il m'aura fallu la rencontre d'une infectiologue du CHwapi dans une consultation ciblant le COVID long, il y a à peine quelques jours, pour me sentir enfin comprise. Une rencontre qui s'est produite un peu par hasard, en parcourant des forums sur internet."

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