Le congrès du sommeil 2022 - Fatigue, vigilance et attention : impact sur la conduite automobile
- Caroline Guignot
- Actualités Congrès
Fatigue et somnolence d’une part, vigilance et attention d’autre part, constituent des notions et des processus distincts qui peuvent interagir et demandent donc à être caractérisés séparément pour améliorer la sécurité routière. Ces différentes notions ont été abordées au cours d’une session dédiée du Congrès du sommeil 2022 (Lille).
Ainsi, la vigilance correspond aux variations psychophysiologiques de l’état d’éveil tandis que l’attention se réfère aux processus de traitement de l’information. La première correspond donc plus volontiers à une notion quantitative et la seconde à un aspect plutôt qualitatif. Quoi qu’il en soit, la défaillance de l’une ou l’autre favorise le risque d’accident lors de la conduite automobile.
Au volant, la vigilance est un état préparatoire qui permet de répondre aux changements aléatoires qui se présentent dans l’environnement. Aussi, un trajet connu - habituation ou parce que monotone – favorise la baisse de vigilance. En revanche, les événements extérieurs augmentent notre charge mentale et améliorent la vigilance, au moins temporairement. De nombreux facteurs de risque peuvent moduler la capacité des conducteurs à compenser la baisse de vigilance comme l’âge, l’état de stress ou les psychotropes. Il est intéressant de noter que 2 h de conduite de nuit ont le même impact que 17h d’éveil ou une alcoolémie de 0,5g/L sur la vigilance au volant.
Impact de la somnolence et de la fatigue sur la vigilance
La somnolence au volant est l’une des principales causes d’accident sur l’autoroute. Des expériences conduites chez des sujets sains privés de sommeil montrent que la somnolence induit une instabilité des performances de conduite, avec de nombreux franchissements de ligne et une instabilité de la trajectoire de la voiture. Les résultats obtenus à des tests de maintien d’éveil montrent que la survenue d’accidents liés à la somnolence rapportée par le sujet l’année passée est associée à un niveau d’éveil objectif bas. Plus la latence d’endormissement est courte, plus le risque d’accident est fréquent. Et plus les épisodes sévères de somnolence au volant sont fréquents, et plus le risque d’accident augmente.
L’auto-perception de la somnolence ou de l’endormissement est difficile pour certains individus. En effet, selon une étude française menée auprès de sujets suivis en centre du sommeil et ayant réalisé des tests de maintien d’éveil, ceux qui pensaient à tort ne pas s’être endormis avaient plus souvent déclaré avoir eu, ou avoir évité un accident de la circulation lié à la somnolence au cours de l'année écoulée.
Accumuler les heures de conduite conduit à une augmentation de la fatigue, une baisse de la vigilance et une réduction des performances. Mais fatigue et somnolence liées à la privation de sommeil doivent être distinguées, comme le montrent certaines expérimentations : ainsi, des participants levés depuis 8h du matin ont été invités à conduire la nuit suivante à partir d’une heure différente (3h du matin, 1 heure du matin ou depuis 21h à : le risque de déviation latérale sur la route mesuré entre 4 heures et 5 heures du matin était augmenté pour ceux qui conduisaient depuis plus longtemps, signe que la fatigue au volant se distingue et se surajoute à la somnolence liée à la privation de sommeil.
Attention et distraction
Si la conduite demande une bonne vigilance, elle nécessite aussi l’implication des fonctions attentionnelles, qui renvoient à des processus de sélection d’information ou de résistance à la distraction. L’inattention au volant est un déficit d’attention, qui est réorienté vers autre chose, soit par automatisme de la conduite, soit parce que la distraction apportée par des sollicitations sur le smartphone ou le système embarqué. Il faut aussi distinguer la distraction motrice (manipulation d’objets) et la distraction cognitive (quand la charge cognitive augmente, il n’y a plus de réserve pour l’attention nécessaire à la conduite). Cette dernière conduit à une instabilité latérale, un franchissement fréquent de ligne, une altération de la gestion de la vitesse…
Au volant, le conducteur sélectionne inconsciemment les informations prioritaires pour adapter sa conduite. En cas de surcharge attentionnelle, le risque d’accident s’accroît. C’est la raison pour laquelle les conducteurs novices, qui ont peu d’automatisme, ont plus de risques au volant. Ces perturbations attentionnelles constituent aussi un surrisque chez les sujets ayant des troubles attentionnels préexistants (TDAH).
Une conversation au volant peut aussi influencer différemment la conduite : en effet, durant un trajet monotone, les conversations peuvent restaurer la performance et la stimulation de l’attention peut réhausser le niveau de vigilance. En revanche, dans les situations complexes nécessitant des processus attentionnels, une charge cognitive déjà saturée par une conversation embolise le système attentionnel et peut accroître le risque d’accident.
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