Le Congrès du Sommeil 2022 - Durée de sommeil, cognition et comportement des enfants
- Caroline Guignot
- Actualités Congrès
Les conséquences d’un déficit en sommeil sont scrutées avec attention par la recherche et, en ce sens, les cohortes pédiatriques qui ont été constituées dans différents pays sont précieuses. Dans le cadre du congrès du sommeil qui s’est tenu à Lille du 23 au 25 novembre 2022, une session a été consacrée aux études pertinentes parues sur le sujet en 2022.
Malgré les connaissances épidémiologiques décrivant les disparités de durée de sommeil chez les enfants et adolescents, l’impact des caractéristiques sociodémographiques reste insuffisamment décrit par des études robustes. Une étude conduite par actimétrie chez plus de 40.00 enfants de 9 à 13 ans (cohorte ABCD, Adolescent Brain Cognitive Development) a montré que le temps de sommeil total quotidien était de 7,45h dans cette population, cinq facteurs ayant été indépendamment associés aux disparités de temps de sommeil : jusqu'à 34 minutes de différence ont ainsi été observées entre les différentes origines ethniques des enfants, et ce, indépendamment des facteurs économiques qui, eux, modifient d’environ 16 min cette durée de sommeil. Les autres facteurs déterminants, bien que moindres, sont le sexe, l’âge et l’indice de masse corporelle (IMC). Cette étude interroge donc les fondements de la disparité liée à l’origine ethnique des enfants, qui ont probablement trait à des déterminants culturels à explorer ultérieurement.
En conséquence, pour ceux qui ont une dette de sommeil, quelles peuvent en être les conséquences à long terme en termes ? Une étude menée à partir de la même cohorte apporte des éléments de réponse en décrivant l’évolution de troubles du comportement, de la santé mentale, de la cognition et des données d’IRM sur une durée de 2 ans, chez des enfants de 9 à 10 ans de la cohorte ABCD. L’analyse a été conduite selon le score de propension (11 covariables) permettant d’assurer la comparabilité de deux groupes qui différaient selon leur durée de sommeil supérieure ou inférieure à 9h/jour. Cette première étude longitudinale, menée chez ces 8.323 enfants, montre des troubles du comportement dans les domaines émotionnel, social et comportemental, ainsi que des perturbations des structures cérébrales et de la connectivité fonctionnelle au niveau des régions corticobasales et du lobe temporal antérieur, connues pour être impliquées dans l’intelligence. Selon ces auteurs, il existerait donc un lien persistant (à T0 et 2 ans plus tard) entre le temps de sommeil et le quotient intellectuel (QI).
Enfin une étude a souhaité aller plus loin en déterminant, les liens et la directionnalité entre les troubles du sommeil et les troubles du déficit de l’attention/hyperactivité. Cette étude, qui a suivi une cohorte d’un millier d’enfants sur 9 ans (à 9, 13 et 18 ans) montre que la présence d’un TDAH à 9 ans permet de prédire les troubles du sommeil à 13 ans tandis que les troubles du sommeil à 13 ans permettent de prédire l’augmentation du risque de TDAH à 18 ans. La directionnalité des liens entre ces différents troubles est donc complexe.
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