Le Congrès du sommeil 2022 – État des connaissances sur le SJSR

  • Caroline Guignot
  • Actualités Congrès
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Lié à un déséquilibre du métabolisme du fer et de la transmission dopaminergique dans un contexte génétique prédisposant, le syndrome des jambes sans repos (SJSR) touche 2 à 10% de la population. Il reste cependant méconnu, malgré sa sévérité, son impact sur la qualité de vie et son pronostic en termes de complications. Le congrès du sommeil qui s’est tenu à Lille du 23 au 25 novembre 2022 a consacré une session à l’état des connaissances sur le sujet.

Le diagnostic, clinique, repose sur la présence de sensations désagréables ou douloureuses dans les jambes, qui surviennent préférentiellement le soir ou la nuit, au repos, et qui sont soulagées par le mouvement. Dans une majorité des cas, les patients présentent aussi des mouvements périodiques des jambes (MPJ). Les complications associées sont multiples : anxiété, dépression, risque cardiovasculaire lié à l’augmentation de la pression artérielle au cours des MPJ... Évalué à partir du score spécifique IRLS-SG (coté entre 0 et 40, croissant avec la sévérité du syndrome), le SJSR nécessite une prise en charge au-delà d’un score de 15-20. On estime qu’environ 2% de la population française relèverait d’une telle prise en charge.

Dans plus de la moitié des cas, il existe une histoire familiale de la maladie. Les études d'association pangénomique (GWAS) conduites sur le sujet ont identifié des variants prédisposants au niveau de deux gènes clés associés au MPJ et au SJSR : BTBD9 et MEIS1. BTBD9 a un rôle dans le métabolisme du fer. Et de façon intéressante, le gène MEIS1 est aussi identifié comme fréquemment associé au trouble de l’insomnie chronique. Aucune cause monogénique n’a pour l’heure été identifiée.

Physiopathologie et prise en charge

Le rôle du fer dans la physiopathologie commence à être mieux décrite. On estime qu’il existe une dysrégulation de son métabolisme au niveau central. Car si le traitement d’une carence en fer permet d’améliorer les symptômes, cette carence n’est retrouvée au niveau sanguin que dans 20% des cas. En revanche, le taux de fer dans le LCR est anormalement bas chez ces patients. Typiquement, le taux d’hepcidine sanguin ou dans le LCR des patients SJSR est anormalement élevé, malgré l’absence de carence martiale.

Le fer est un cofacteur important dans la synthèse de dopamine. Son taux anormalement faible au niveau central favoriserait l’augmentation de la production du neurotransmetteur et, par voie de compensation, l’internalisation des récepteurs D2 post-synaptiques. Cette diminution induirait une augmentation relative des récepteurs D1 favorisant un état hyperdopaminergique présynaptique délétère pouvant expliquer la composante motrice de la maladie. Enfin, l’adénosine, qui est un modulateur du système dopaminergique, favorise parallèlement l’augmentation du glutamate qui conduit à un hyperéveil, pouvant expliquer la composante insomnie.

Sur cette base, la prise en charge est relativement bien établie, avec une supplémentation en fer des patients carencés, même si la moitié des patients sont répondeurs. Ensuite, la prise en charge non pharmacologique (hygiène de vie) puis, si nécessaire, pharmacologique doit être envisagée selon les cas : on privilégie des dopaminergiques à très faible dose pour réinternaliser les récepteurs D2 post-synaptiques notamment dans les SJSR très sévères ou associés à une dépression ou une composante MPJ importante. On préfère les alpha-2 delta ligands (prégabaline ou gabapentine) si le SJSR est très insomniant, ou associé à des douleurs importantes ou une anxiété pathologique. Les alpha-2 delta ligands permettent de rétablir un taux physiologique de glutamate en bloquant les récepteurs calciques exprimés au excès au niveau central du fait de l’état hyperglutamatergique.

Congrès du sommeil 2022 - SYNDROME DES JAMBES SANS REPOS : NOUVEAUTÉS SUR LE PLAN CLINIQUE ET THÉRAPEUTIQUE, vendredi 25 novembre 2022