Le cannabis aide-t-il à soulager les symptômes de la ménopause ?

  • Mona El-Guechati

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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Des chercheurs ont découvert qu'un nombre important de femmes souffrant de symptômes de la ménopause se tournent vers le cannabis pour obtenir de l’aide, malgré le manque de preuves face à l’efficacité de cette drogue pour traiter ces problèmes. L’enquête, publiée le 2 août dans la revue Menopause.[1]

Dans une enquête menée auprès de femmes périménopausées et ménopausées ayant déclaré avoir consommé du cannabis, près de 80% d’entre elles ont dit utiliser la marijuana médicale pour soulager des symptômes tels que les troubles du sommeil, les bouffées de chaleur et les sautes d’humeur.

« Nous remarquons qu’il y a un nombre croissant d’individus exploitant l’utilisation du cannabis et des cannabinoïdes pour de nombreuses pathologies. Nous avons réalisé qu’il n’existait pas de données à long terme sur la façon dont les femmes se traitaient pour des affections comme la ménopause », a déclaré la Dr Staci Gruber, directrice du programme MIND à l’hôpital McLean, et affiliée à la Harvard Medical School, qui a dirigé l’étude. La Dr Gruber et ses collègues ont interrogé 131 femmes périménopausées et 127 femmes ménopausées sur leur consommation de cannabis, en les identifiant par le biais de publicités ciblées et de plateformes de médias sociaux comme Twitter, Facebook et Reddit.

L’enquête a révélé que 83,5% d’entre elles ont déclaré consommer du cannabis de manière habituelle et 86% qu’elles étaient à l’heure actuelle des consommatrices. Environ la moitié des femmes ont déclaré un usage mixte médical/récréatif ; 30,8% ont déclaré un usage récréatif uniquement et 17,7% ont dit qu’elles utilisaient uniquement des formes médicales du médicament.

Les trois modes d’utilisation les plus courants du cannabis sont : fumer un joint, une pipe ou un bang (84,3%), le consommer sous forme d’aliment (78,3%) et sous forme vaporisée d’huile de cannabis (52,6%).

Les chercheurs ont également constaté que les femmes en périménopause ont signalé des symptômes nettement plus graves que celles en ménopause, et que ces femmes avaient tendance à utiliser une plus grande variété de produits à base de cannabis.

La question de l’efficacité

Selon la Dr Gruber, les cliniciens devraient demander à leurs patientes ménopausées si elles utilisent du cannabis pour soulager leurs symptômes. Stephanie Faubion, spécialiste de la santé des femmes à la Mayo Clinic de Rochester, Minnesota et Jacksonville (Floride), a déclaré que la question qui se pose est de savoir si le cannabis est effectivement efficace chez ces patientes.

« Ce dont nous avons besoin, c’est de savoir si cela fonctionne pour les femmes, et cela n’a pas encore été étudié », a-t-elle déclaré. Mme Faubion, qui est également directrice médicale de la North American Menopause Society, a indiqué que la société procède actuellement à un examen des données mondiales sur les traitements non hormonaux des symptômes de la ménopause. Le rapport, qui examinera les recherches les plus récentes sur les effets du cannabis, de l’hypnose, du régime alimentaire, de l’exercice, de l’acupuncture, du yoga et de la méditation, sera publié en 2023, a-t-elle précisé.

La Dr Gruber espère que les recherches de son groupe ouvriront la voie à des études plus approfondies sur la façon dont les variétés de cannabis et leurs niveaux de cannabidiol, un composé chimique des plantes de cannabis, et de tétrahydrocannabinol, le principal composant psychoactif du cannabis, affectent les symptômes de la ménopause chez les femmes. Les essais cliniques de produits visant des symptômes spécifiques seront également importants, a-t-elle ajouté.

« Nous disposons de peu de données provenant des praticiens de soins primaires », a-t-elle déclaré.

L’étude a été soutenue par des dons privés au programme Marijuana Investigations for Neuroscientific Discovery (MIND) du McLean Hospital. Aucune source de financement n’a participé à la conception et à la réalisation de l’étude, à la collecte, à la gestion, à l’analyse et à l’interprétation des données, à la préparation, à l’examen ou à l’approbation du manuscrit et à la décision de soumettre le manuscrit pour publication.

Le Dr Gruber a fait état de subventions du National Institute on Drug Abuse, de Foria/Praxis Ventures et de Charlotte's Web. Elle a également fait état d’honoraires personnels de la Coalition for Cannabis Policy, Education and Regulation ; Beth Israel Deaconess ; Fenway Health ; Greenwich Biosciences Cannabis Education Working Group ; et l’Académie Nationale de Neuropsychologie en dehors du travail soumis. Mme Faubion ne signale aucune relation financière pertinente.

Cet article a été écrit par Eliza Partika et initialement publié sur Medscape.com puis traduit par Mona El-Guechati pour Medscape.fr.