Le baricitinib, efficace dans la polyarthrite juvénile idiopathique

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • JUVE-BASIS est une étude de phase 3 qui a inclus des enfants de 2 à 17 ans atteints de polyarthrite juvénile idiopathique (AJI) ayant une intolérance ou une réponse insuffisante aux traitements de fond.
  • Elle a montré l’efficacité du traitement par baricitinib puis la durabilité de son efficacité comparée à l’arrêt du traitement chez les enfants répondeurs. Le délai avant poussée était plus élevé dans le groupe baricitinib vs placebo, et le taux de poussées plus faible.
  • L’éditorial qui accompagne l’article souligne que le baricitinib est une option intéressante, d’une part parce que c’est un traitement oral, et d’autre part parce qu’il pourrait présenter un intérêt chez les patients ayant une comorbidité, comme une maladie inflammatoire de l'intestin ou une atteinte axiale. La question du sur-risque d’infection herpétique doit être néanmoins surveillée. Quant aux autres évènements indésirables rapportés par ailleurs avec le tofacitinib dans la polyarthrite rhumatoïde, ils n’ont pas été identifiés ici et pourraient ne pas être généralisables aux patients plus jeunes et atteints de PJI. Quoiqu’il en soit, la mise en garde des agences de sécurité sanitaire sur leur utilisation incluent la molécule.

Pourquoi est-ce important ?

L'arthrite juvénile idiopathique est un groupe hétérogène de maladies rhumatismales touchant les sujets de moins de 16 ans, qui ont en commun une inflammation, avec gonflement, douleur et raideur articulaire. Les traitements de fond conventionnels (DMARD), synthétiques ou biologiques, peuvent être efficaces mais environ un tiers des patients ne répondent pas suffisamment au DMARD biologique de première ligne au cours des deux premières années de traitement. Étant donné l’efficacité du tofacitinib – un autre antiJAK – dans cette indication, il était intéressant d’évaluer le rapport bénéfice-risque du baricitinib, dont l’efficacité dans la polyarthrite rhumatoïde a déjà été démontrée.

Méthodologie

JUVE-BASIS est une étude de phase 3 internationale qui a inclus et randomisé des patients de 2 à 17 ans ayant un diagnostic d’AJI (forme polyarticulaire, oligoarticulaire étendue, psoriasique, arthrite liée à l'enthésite) et une intolérance ou une réponse inadéquate à un ou plusieurs DMARD conventionnels, synthétiques ou biologiques. L’essai clinique se divisait en une période de traitement de 12 semaines en ouvert au cours de laquelle ils recevaient le baricitinib 4mg/j. Pendant cette période, ils pouvaient continuer à suivre un traitement de fond par corticoïdes oraux, AINS et 1 ou 2 DMARDS synthétiques). À l’issue de cette phase, ceux qui avaient répondu (≥30% d’amélioration dans au moins 3 des variables du score JIA de l’American College of Rheumatology) étaient randomisés en double aveugle entre un arrêt réel ou placebo du baricitinib pendant 32 semaines. Le critère d'évaluation principal était le temps écoulé avant la première poussée d’AJI (soit une aggravation d'au moins 30% de ≥3 des 6 variables du score AJI-ACR par rapport au début de la période).

Principaux résultats

Au total, 219 patients ont participé à la période ouverte de traitement par baricitinib (69% de filles, âge médian 14 ans) parmi lesquels 53% avaient déjà été traités par un DMARD biologique.

À l’issue de la période ouverte, 74% des enfants étaient répondeurs AJI-ACR30 à la semaine 12 et 46% étaient répondeurs AJI-ACR70. Les 163 patients répondeurs ont été randomisés 1:1 entre le placebo et le baricitinib.

À l’issue de l’étude, ils étaient 51% à avoir eu une poussée dans le groupe placebo contre 17% dans le groupe baricitinib. Le délai médian avant poussée était de 27,14 semaines dans ce premier bras mais n’était pas évaluable pour ceux sous baricitinib (moins de la moitié d’entre eux ayant eu une poussée). À noter que 54% étaient des répondeurs AJI-ACR70 et que la maladie était inactive pour 23% des sujets du groupe baricitinib. Aucune différence d’efficacité n’a été identifiée dans les analyses en sous-groupe selon l’âge, l’origine, la nature de l’atteinte articulaire, les autres traitements ou la vitesse de sédimentation à l’inclusion.

Les critères secondaires d’évaluation liés à l'activité de la maladie, la capacité fonctionnelle et la qualité de vie étaient significativement améliorés sous baricitinib par rapport au placebo.

Sur le plan de la tolérance, 66% et 47% de sujets sous baricitinib et placebo respectivement ont eu des événements indésirables sous traitement au cours de la période randomisée (légers dans 38% des cas). Ils étaient 25% à avoir eu une infection au cours de la première période, puis 38% sous baricitinib versus 19% sous placebo. Les effets indésirables graves avaient touché 3% des patients au cours de la première phase de 12 semaines de l’étude, puis respectivement 5% et 4% dans les groupes baricitinib et placebo. Une embolie pulmonaire jugée liée au traitement a été signalée dans le groupe baricitinib.

Principales limitations 

La cohorte d’enfants et adolescents recrutés était majoritairement d’origine caucasienne, limitant la généralisation de ces résultats.

Financement

Cette étude a été sponsorisée par Eli Lilly et Company