LATE ou maladie d’Alzheimer ? Pourquoi et comment les distinguer ?

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Chez le sujet âgé, la LATE est une entité clinique à part entière et une cause fréquente de démence, distincte de la maladie d’Alzheimer (MA).
  • Elle peut se manifester de façon isolée ou associée à d’autres maladies neurodégénératives, et dans ce cas accélérer leur évolution.
  • La LATE se caractérise par un syndrome amnésique isolé, de progression lente en l’absence d’autres comorbidités, et plus rapide en présence d’une maladie d’Alzheimer (MA) ou d’une autre pathologie démentielle.
  • En l’absence de marqueurs spécifiques, la combinaison de données d’imagerie (IRM, TEP-FDG) et des marqueurs plasmatiques peut contribuer au diagnostic différentiel.
  • L’arrivée de traitements modificateurs de la maladie va accroître la nécessité de distinguer la LATE de la MA.

Pourquoi est-ce important ?

L’encéphalopathie TDP-43 à prédominance limbique liée à l’âge affecte environ un quart des sujets âgés et se caractérise par des pertes de mémoire. Proche de la MA, et souvent diagnostiquée à tort comme telle, la LATE est une protéinopathie qui se confirme en anatomopathologie en présence d’agrégats de la protéine TDP-43 au niveau des structures temporales internes. La LATE peut aussi s’observer de façon concomitante avec d’autres d’autres maladies neurodégénératives ou vasculaires pouvant conduire à la démence. Avec l’arrivée des traitements modificateurs de la maladie (anti-amyloïdes), la nécessité de distinguer la LATE de la maladie d’Alzheimer ou d’autres démences se fait plus pressante. Une revue de la littérature a fait le point sur cette entité clinique, abordant tour à tour les symptômes, l’influence des comorbidités, et le diagnostic différentiel avec d’autres types de démence.

Présentation clinique de la LATE

Le déclin cognitif apparaît de façon lente, avec une perte progressive de la mémoire épisodique. Malgré les similitudes avec la MA, des différences dans la présentation de la maladie et son évolution permettent de distinguer les deux pathologies.

Un trouble cognitif progressif qui affecte essentiellement la mémoire et de façon importante tout au long de la maladie doit faire penser à une LATE, alors qu’une perte de mémoire progressive, avec la survenue de troubles dans d’autres domaines de la cognition (langage, fonctions exécutives ou visuospatiales) sera plus en faveur d’une MA. Le distinguo suggère donc un suivi longitudinal du patient. Si les troubles de la mémoire épisodique apparaissent de façon évidente dans la LATE, un déficit de la mémoire de travail est souvent présent. La mémoire sémantique peut également être atteinte, notamment lorsqu’il existe une sclérose hippocampique (il existe une atrophie progressive au cours de la maladie). Un syndrome frontal peut également être présent, mais c’est aussi le cas dans la MA et d’autres démences. Enfin, l’âge de survenue joue un rôle essentiel, un âge supérieur à 80 ans étant plutôt en faveur d’une LATE.

Contribution des biomarqueurs au diagnostic différentiel

Si aucun biomarqueur spécifique de la LATE n’est encore disponible, l’imagerie structurale en IRM montre une atrophie prédominante dans le lobe temporal médian (LTM) dans la LATE, surtout lorsqu’elle est sévère et située dans la partie antérieure. L’atrophie est plus lente dans une LATE isolée que dans une MA, et accélérée en présence des deux pathologies. Une atrophie de l’amygdale est plus spécifique de la LATE, alors qu’une réduction du volume de l’hippocampe l’est moins (également associée à la MA). L’hypométabolisme observé en tomographie par émission de positons au fluorodéoxyglucose (TEP-FDG) dans le LTM et dans le gyrus frontal supra-orbital (versus gyrus denté inférieur) permet aussi de distinguer MA et LATE avec une bonne sensibilité et spécificité. En pratique, en présence d’un syndrome amnésique isolé, d’une atrophie de l’amygdale et de l’hippocampe sévère, et en l’absence de biomarqueurs plasmatiques de la MA (peptide béta-amyloïde A 42/40 (A-) et protéine Tau-217 (T-)), il faut penser à une LATE. Un phénotype A+/T-, associé à des profils IRM et TEP-FDG compatibles, doit également conduire à la suspecter. Il est en revanche plus difficile de la déceler en présence d’une MA A+/T+.