L’arrêt immédiat du médicament causal est-il indispensable pour traiter la migraine par abus médicamenteux ?

  • Schwedt TJ & al.
  • Neurology

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon les données de l’étude américaine MOTS, le traitement préventif de la migraine chronique par abus médicamenteux peut conduire au succès thérapeutique, que le médicament causal soit ou non remplacé d’emblée au début de la prise en charge.

  • Cela suggère que le principal facteur de succès réside d’abord dans l’observance du traitement préventif. Ce message est important à transmettre aux patients, notamment ceux qui pourraient être inquiets de réduire ou arrêter le traitement de la crise en cause en début de parcours.

Résumé

L’abus médicamenteux est une cause fréquente de migraine chronique. La stratégie optimale permettant de traiter les patients concernés s’appuie sur un traitement antimigraineux préventif mais la nécessité ou non d’arrêter d’emblée le médicament causal n’est pas une question arrêtée. C’est donc pour la trancher que des chercheurs de la Mayon Clinic ont conduit l’étude MOTS.

Méthodologie

MOTS (Medication Overuse Treatment Strategy) est une étude ouverte pragmatique qui a recruté des patients présentant une migraine chronique par abus médicamenteux. Ils ont tous reçu une prescription de médicament antimigraineux préventif et ont été randomisés (1:1) entre un groupe dans lequel le traitement causal pouvait être maintenu sans restriction ou un groupe dans lequel ce médicament devait être remplacé par une alternative issue d’une autre classe thérapeutique et ne devait être utilisée que 2 j/semaine maximum, un antiémétique étant également autorisé.

Principaux résultats

Au total, 720 patients ont été recrutés (âge moyen 44 ans, 88% de femmes, souffrant de migraine chronique depuis 11 ans et d’abus médicamenteux depuis 4,7 ans en moyenne. Les patients de la cohorte présentaient en moyenne 22,5 jours de migraine sur 28 jours, dont 12,8 d’intensité modérée à sévère et 21,4 jours d'utilisation de médicaments symptomatiques.

Les médicaments causaux étaient surtout des antalgiques (64%) ou des triptans (39%). Le traitement préventif le plus utilisé était le topiramate, puis la toxine botulinique A et l'amitriptyline.

Entre les semaines 9 à 12 suivant le début de la nouvelle stratégie thérapeutique, la fréquence des jours de céphalées modérées à sévères sur 28 jours était comparable dans les deux groupes : 9,3 pour ceux qui avaient changé de molécule contre 9,1 pour ceux qui n’en avaient pas changé (p =0,75). Le même constat était fait durant les 2 premières semaines (respectivement 6,6 vs 6,4 jours de céphalées modérées à sévères, p = 0,57).

Aucune différence n’a été observée lorsque la comparaison des deux bras était faite isolément pour chaque famille de molécule causale.

Aucun effet indésirable grave n’a été observé de façon supérieure dans l’un ou l’autre des bras de l’étude (7 patients dans chaque groupe).